Très bonne comédie de Dino Risi, une des
meilleurs de la période. Et comme toute bonne comédie italienne, le ton de
comédie accompagne un arrière-plan réaliste et dur, bien loin de la fantaisie. Et
comme souvent avec Risi l'intelligence du film lui donne sa force : il décrit
la vie d'un militant communiste sur 30 ans, et montre comment ses idéaux se
sont fracassés au mur de la réalité. Mais jamais le réalisateur ne fait dans la
facilité ou la caricature.
D'emblée, sur la première séquence, qui a lieu
pendant la résistance, Risi tape juste : il n'est pas facile d'être résistant,
surtout quand un lit bien chaud et un bon repas vous retiennent. Cette entrée
en matière permet d’égratigner un des grands idéaux de l’après-guerre.
Risi montre comment Silvio (légendaire
composition d’Alberto Sordi) refuse de se résigner, comment il s’arcboute sur ses idéaux (alors que la séquence d’ouverture
montre à quel point ils peuvent être fragiles). Le film traverse toute une
période de l’histoire de l’Italie, et l’évolution des idées de la gauche, qui s’amenuisent
alors que le matérialisme triomphe. Le ton du film oscille avec génie entre la
bouffonnerie et le pathétique. Et ce sont les sentiments qui sauveront le
pauvre Silvio.
Certaines séquences sont extraordinaires,
en particulier le repas chez les royalistes ou encore Silvio, saoul, crachant de
dédain sur les voitures qui passent.
Ce regard politique complexe qui
traverse l’Italie sur 30 ans se retrouvera dans Nous nous sommes tant aimés. Belle Italie, qui a eu la chance d’avoir
des réalisateurs (alliés à des scénaristes et des acteurs hors de pair) qui ont
su brosser avec finesse et acuité leur pays, la vie des gens et la complexité
des combats qu’ils ont pu mener !
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