Kiss me deadly (1) est un film éblouissant, un des plus grands joyaux du
film noir qui illustre remarquablement le mot de Goethe quand il dit que « tout ce qui est parfait dans son genre transcende ce genre pour devenir quelque chose d'autre, d'incomparable ». Si Robert Aldrich a plusieurs excellents films à son actif, il tient là son chef-d’œuvre.
Tout n’est que surprise, brio, énergie,
noirceur, décalage. Le film propose un mélange incroyable de paranoïa,
d’enquête, d’impasses, de personnages secondaires hauts en couleur, autour d’une
violence parfois extrême (une torture à mort notamment), mais avec beaucoup d’intelligence
(les multiples références au poème par exemple) et une bande originale
surprenante et déroutante. Mike Hammer, le héros des romans de M. Spillane,
devient un parfait anti-héros, imbu, indifférent, immoral. Il se confond
parfaitement avec ceux qu’il poursuit.
L’ouverture éblouissante est à juste titre
très célèbre : une femme en robe de chambre, pieds nus, court sur la route,
à perdre haleine, en plein nuit. Et, après sa rencontre avec Mike Hammer, le générique défile à l'envers.
Et le final est époustouflant, il dépasse les
dénouements habituels du genre (point de microfilms ici, point de liasses de
billets, point de bijoux) puisque, le film s’étant attaché à recréer une boîte
de Pandore, il ne reste plus qu’à l’ouvrir…
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(1) : On s'interroge : pourquoi un tel titre français ? La traduction naturelle en « Baiser mortel » eût été parfaite.
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