samedi 24 mai 2014

En quatrième vitesse (Kiss me deadly de R. Aldrich, 1955)




Kiss me deadly (1) est un film éblouissant, un des plus grands joyaux du film noir qui illustre remarquablement le mot de Goethe quand il dit que « tout ce qui est parfait dans son genre transcende ce genre pour devenir quelque chose d'autre, d'incomparable »Si Robert Aldrich a plusieurs excellents films à son actif, il tient là son chef-d’œuvre.
Tout n’est que surprise, brio, énergie, noirceur, décalage. Le film propose un mélange incroyable de paranoïa, d’enquête, d’impasses, de personnages secondaires hauts en couleur, autour d’une violence parfois extrême (une torture à mort notamment), mais avec beaucoup d’intelligence (les multiples références au poème par exemple) et une bande originale surprenante et déroutante. Mike Hammer, le héros des romans de M. Spillane, devient un parfait anti-héros, imbu, indifférent, immoral. Il se confond parfaitement avec ceux qu’il poursuit.


L’ouverture éblouissante est à juste titre très célèbre : une femme en robe de chambre, pieds nus, court sur la route, à perdre haleine, en plein nuit. Et, après sa rencontre avec Mike Hammer, le générique défile à l'envers.


Et le final est époustouflant, il dépasse les dénouements habituels du genre (point de microfilms ici, point de liasses de billets, point de bijoux) puisque, le film s’étant attaché à recréer une boîte de Pandore, il ne reste plus qu’à l’ouvrir…





________________________________

(1) : On s'interroge : pourquoi un tel titre français ? La traduction naturelle en « Baiser mortel » eût été parfaite.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire