lundi 26 mai 2014

La Chevauchée fantastique (Stagecoach de J. Ford, 1939)




Premier film fondateur de John Ford, qui met en place des personnages et des séquences qui s’installent dans le western comme autant de classiques.
Les personnages seront des archétypes (le hors-la-loi, la prostituée, le joueur professionnel tricheur, le banquier, le médecin) qui seront mille fois repris à partir de ces bases. Bien plus que leur simple dénomination, c’est le caractère associé à chacun qui est figé pour longtemps : c’est ainsi que le médecin est alcoolique, que la prostituée est aussi une femme au grand cœur (elle se soucie de la femme enceinte) alors  que, tout au contraire, le banquier est indifférent au monde, il se contente de s’accrocher à sa sacoche si précieuse. Ford utilise le principe classique d'enfermer tout son petit monde dans un endroit clos (et même très petit : une diligence) et de laisser se tisser les relations et les tensions.


De même Ford fait entrer dans la légende le Monument Valley : il filme pour la première fois ce paysage grandiose, devenu une image mondiale et infinie du western. Il présente la Nature comme un tout englobant, dans lequel évoluent les personnages mais qu’ils ne peuvent dépasser. Les images des Indiens apparaissant au sommet de la colline avant d’attaquer appartiennent aussi à la légende du cinéma. L’attaque, extrêmement spectaculaire, à coups de chevaux au grand galop, d’Indiens hurlants et de trompette de cavalerie est exceptionnelle et virtuose. Ford, qui expliquait avec un à-propos plein d’humour que si les Indiens abattaient les chevaux alors le film s’arrêtait, prolonge le plaisir en rallongeant la séquence. Les technologies d’alors offrent peu d’alternatives pour filmer une telle séquence : les caméras sont embarquées sur des autos qui foncent pour devancer les chevaux. Le résultat est fabuleux.

Ford manie avec virtuosité l’alternance des extérieurs et des intérieurs, mais aussi les petites histoires pittoresques si typiques qui peuplent son œuvre. Il prend le temps de faire vivre sous nos yeux son petit monde (il fait accoucher la femme de l’officier), d’épaissir la psychologie de chacun qui dépasse la simple description rapide. Cette alternance de grands moments épiques avec des scènes intimistes est à la fois typique du réalisateur et très difficile à manier. Mais pas pour Ford qui jouera toujours avec facilité de cette alternance.


John Wayne tient là ses galons de star (il avait déjà un premier rôle, mais resté sans suite, dans la très bonne Piste des géants de R. Walsh).

Ford complétera au fur et à mesure de ses films – en particulier avec La Poursuite infernale – cette mise en place du genre, mais on tient là un film majeur qui pose les jalons du western et définit des séquences classiques et inoubliables. La Chevauchée fantastique marque alors un regain formidable du genre qui ne se démentira pas pendant 20 ans.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire