Film dur et éprouvant dans lequel
Pialat filme la mort comme peu de réalisateurs ont osé le faire : il pose
sa caméra et recueille l’agonie de la mère, longue et douloureuse, avec, à ses
côtés, mais ne sachant que faire, le mari et le fils, impuissants. On pense à Cris et chuchotements, où Bergman
filmait, là aussi, l’impuissance des proches. La mort y apparaît sans fard,
sans espoir, comme une agonie. Voilà, pour chacun de nous, comment la vie se
terminera, semble nous dire Pialat.
De même que pour son film précèdent
(Nous ne vieillirons pas ensemble),
Pialat injecte une forte dose autobiographique dans son film, avec Philippe Léotard,
le fils, qui joue l’alter ego du réalisateur.
Le style de Pialat éclate : de
très longs plans séquences, une sécheresse de ton, un jeu de caméra minimal, une
volonté de réalisme des acteurs et des situations, un scénario très simple. Ce
sont alors des blocs de « vie de tous les jours » qui sont accolés
les uns aux autres et dans lesquels sont fichées comme des coins la maladie, l’agonie, la détresse de la mère.
Les personnages tournent autour, se raccrochent à leurs quotidiens, continuent
leur toute petite vie (boire des verres de rouge et draguer à tout va pour le
père ; coucher à droite et à gauche et fumer ses cigarettes pour le fils) en
attendant que tout cela soit fini.
La faiblesse du film – comme dans
beaucoup de films de Pialat d’ailleurs – est peut-être à trouver dans son scénario qui
se veut très simple – Pialat veut sèchement montrer la mort et la regarder en
face – mais qui manque malgré tout de richesse. Cela étant, l’extraordinaire acuité
du réalisateur fait mouche : en trois longs métrages, il règle son
compte à l’enfance (L’Enfance nue),
au couple (Nous ne vieillirons pas
ensemble) et, donc, à la mort.
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