Très
grand film du cinéma français, réalisé par un Marcel Carné qui maîtrise les studios
de main de maître (notamment au travers de cette fameuse chambre où Gabin s’enferme
comme un forcené). Le film est techniquement parfait et Carné innove en utilisant des
flash-backs. Cela lui permet de commencer par l'aspect tragique du drame (le
coup de feu) puis de remonter aux sources de cette histoire somme toute très
classique (l’ouvrier amoureux de la fleuriste et bientôt jaloux). Carné rebondit sans cesse avec facilité pour dérouler
impeccablement son histoire.
Carné
teinte son fameux réalisme d’une certaine poésie (on sent l’influence de
Prévert même si elle n’explose pas encore comme dans Les Enfants du Paradis) et il parvient – de par ses allers retours
entre passé et présent – à faire glisser sans cesse ses personnages du bonheur intense
de l’amour à la douleur la plus poignante (exceptionnelle composition de Gabin,
que l’on voit tour à tour transi d’amour ou désespéré). Ce rôle de Gabin, interprétant François, l’ouvrier jaloux ("Mais tu vas la taire ta gueule !"), est resté très célèbre. De même, Jules Berry et Arletty sont parfaits.
Si
le film est, au niveau formel, tout à fait parfait, on n’y trouve toutefois pas
la même beauté poétique que dans Les Enfants du paradis, ni le génie bouillonnant de Renoir (celui de La Règle du jeu par exemple).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire