Très bon film de
Michael Curtiz, au développement riche et original. Les personnages sont multiples
et leurs interactions complexes évoluent au fil du récit. On apprécie un film
dont les personnages ne sont pas figés et évoluent au fur et à mesure dans
différentes directions, selon leurs personnalités et les événements qu’ils
subissent.
Alors qu’on
pensait Fielding au cœur du film, son personnage se noie et ne parvient pas à
s’extraire et à assumer ce qu’il est : à se laisser corrompre, il se perd complétement.
A l’opposé, Dan, que l’on croyait tout à fait corrompu et sans scrupule, se
révèle d’une richesse inattendue, jusqu’à devenir le personnage emblématique de
la morale du film (il porte les quelques espoirs que garde malgré tout Curtiz
sur la vie politique). Ces deux personnages sont tiraillés d’une part par le
shérif, adipeux, dégoulinant et tout à fait corrompu (Welles campera un
personnage en tout point similaire dans La Soif du mal) mais aussi, bien sûr, par une femme (Joan Crawford, qui en
fait trop, comme souvent) : celle-ci est la pierre angulaire du film, puisqu’elle traverse toutes les couches sociales de la ville, les relie entre elles et déclenche toute une série d’événements (lui valant la haine du shérif) qui iront de la chute de Fielding jusqu'à la rédemption de Dan.
Le regard porté
par Curtiz sur la démocratie est très pessimiste (omniprésence de la corruption
et des petits arrangements entre amis ; importance du paraître social), même
si le film se termine sur une pointe d’espoir.
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