Film très célèbre, L’Aurore est un éblouissant
chef-d’œuvre. Murnau, fort du succès de ses films précédents, est convié à
travailler en Amérique.
A travers un thème universel (un
homme attiré par une femme fatale délaisse sa famille), on a là un conflit très
commun (la passion passagère – sexuelle – contre l’amour profond pour sa femme
et ses enfants). Murnau traite ce thème au travers d’une dualité géographique
et métaphorique : la campagne pure et vertueuse et la tentation diabolique
de la ville.
Murnau joue avec ce double conflit au
travers d’un traitement expressionniste : l’opposition ombre/lumière est une mise
en image de la dualité Bien/Mal (en cela le film reste plus allemand
qu’américain). Le jour protège et l’ombre est dangereuse. L’extraordinaire
plan-séquence où Ansass parcourt les marais pour retrouver la fille de la
ville, sous la clarté blafarde de la lune, a ainsi une formidable dimension
fantastique. Ansass ne pourra retrouver sa femme que s’il domine et la ville et
la nuit. C’est le sens de la séquence où le couple se retrouve dans la ville et
la parcourt : la ville est ainsi vaincue (notamment après un passage à
l’Eglise : le couple en ressort uni). La tempête, même, sera vaincue,
malgré les peurs d’Ansass.
Murnau fait évoluer
l’expressionnisme : aux cadrages et aux angles durs de Caligari ou Lang,
Murnau oppose des contours flous, des ambiances de brouillards. Les éléments se mélangent, lorsque, dans la
nuit, sous la lune, les amants s’étreignent.
Mais on retrouve dans L’Aurore à la fois cette
composition de l’image très picturale et les mouvements d’appareil complexes et parfaits qui constituent le style brillant de Murnau.
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