Film presqu’entièrement basé sur des
flash-backs (on retrouve là une technique narrative chère au réalisateur), Ève est un splendide chef-d’œuvre.
Mankiewicz brosse un portrait
grinçant de l’arrivisme dans le monde du spectacle, entre l'ego des acteurs et la cupidité des producteurs. Il s’appuie sur une
magnifique Bette Davis, qui trouve là un de ses rôles phares, et sur des
seconds rôles parfaits (Georges Stevens notamment). Anne Baxter, quant à elle, dans
le rôle d’Ève, est une parfaite incarnation de l’ingénue en fait prédatrice.
La narration est d’une maîtrise
totale, organisée autour de 7 flash-backs répartis entre 3 narrateurs.
La réflexion sur l’acteur et son
double (Ève est le double de Margot, et la remplace progressivement, jusqu’à
devenir star à son tour) est finement analysée, autant par l’adoration réelle d’Ève
pour Margot (adoration qui ne l’empêchera pas de la manipuler) que par le
regard de Margot sur sa propre vieillesse.
Le film, pourtant, distille moins
d’affect que d’autres chefs-d’œuvre de Mankiewicz : il n’a pas le charme
de La Comtesse aux pieds nus (où Mankiewicz
reprendra son regard critique sur le monde du spectacle), ni le romantisme
triste de Mme Muir. Eve est beaucoup
plus froid et, même s’il est éclatant de brio, semble plus artificiel et
technique.
Le film reste d’une importance
capitale dans le cinéma, ne serait-ce que par son influence. Opening Night ou encore Tout sur ma mère reprennent plusieurs des thèmes majeurs du film et s'y réfèrent directement.
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