Film prétendument culte aujourd'hui, Fight
club dédouble avec originalité son personnage principal : au cadre
moyen terne et à la vie morne, répond le personnage extravagant et violent de
Tyler Durden, qui l’entraîne dans un tourbillon chaotique.
David Fincher propose, comme souvent, une mise en scène efficace mais très aguicheuse et exubérante. On s’accroche à ce double improbable (bien servi par un bon
duo d’acteurs, très complémentaire) et les séquences jouent à alterner humour et violence, volontiers racoleuse.
Et Fincher s'amuse à glisser des images subliminales (dont la dernière – celle
d’un sexe d’homme – annoncée par Tyler Burden durant le film) qui ajoutent une
touche ironique à un film au ton parfois détaché.
On aura bien du mal, en revanche, à en tirer une quelconque
morale satisfaisante : le film attaque la société de consommation, certes,
voilà bien une cible facile, en particulier au travers du narrateur, névrotique, dévirilisé, comme
endormi dans la société, au corps ramolli. Le réveil viendra
d’ailleurs d’une mise à l’épreuve des corps et d’un renoncement au confort
petit bourgeois. La pulsion de vie qui est le cœur de ce qui manque au narrateur est sans doute le seul thème abordé réellement iconoclaste : ce sont les combats au corps à corps qui illustrent l'éveil de cette pulsion disparue de la société. Tyler Durden,
double fantasmé, cherche à secouer le narrateur mais cela passe par la destruction de la société de consommation, symbolisée,
ce qui est très convenu, par les gratte-ciels des grandes banques qui sont
détruits en fin de film. Toute cette dénonciation reste bien classique et affaiblit la portée du film.
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