dimanche 29 janvier 2017

Le Voyage dans la Lune (G. Méliès, 1902)




Film majeur dans le cinéma, il est un des représentants les plus célèbres de l’art de Méliès. Le Voyage dans la Lune est très ambitieux : le film propose plusieurs séquences avec autant de décors adaptés, il dure treize minutes, les photogrammes ont été peints à la main et bien des scènes sont spectaculaires.
Les séquences se suivent les unes après autres comme on regarde une pièce de théâtre : la caméra est posée et le cadre ne change jamais. Les décors se succèdent dans le studio et les acteurs jouent devant la caméra comme sur une scène (on a là un lien ontologique très fort entre le théâtre et le cinéma). Malgré son ambition narrative, le film est étranger au concept de montage (les plans se succèdent simplement), de changements de cadrage ou de profondeur de champ.
On déplore le jeu outrancier et épouvantable des acteurs qui est un des grands points faibles du film (comme dans la majorité des réalisations de Méliès), alors qu’il se dégage une certaine poésie de cette histoire de science-fiction, inspirée de Jules Verne et de H. G. Welles, et qui est traitée avec une naïveté poétique pleine de charme.



Hugo Cabret (film par ailleurs décevant) montre très bien comment Méliès réalisait ses films en le présentant dans son studio, à jouer avec ses décors et ses personnages et à réaliser ses trucages.

On notera, malgré sa précocité, tout ce qui sépare Le voyage dans la Lune des tout premiers films du cinéma. Le génie de Méliès est d’avoir su importer son art du spectacle et de la scène vers cet art naissant. Et il relança du même coup l’intérêt pour le cinéma, qui commençait à tourner en rond, épuisé par les vues simples et répétitives des « scènes de vie de tous les jours » issues des premiers films des frères Lumière et qui constituaient alors le cinéma.

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