Après Outrage, Ida Lupino continue d’imposer
ses thèmes, en porte-à-faux avec la bonne conscience américaine. Ici elle place
le spectateur aux côtés de Harry, qui, marié, rencontre une autre femme, se
marie avec elle et fonde une seconde famille. Si la condamnation morale est présente
à la fin (mais très atténuée), le film évite toute condamnation radicale
et définitive. Il ne cherche pas à montrer la vie d’un homme qui se partage
entre deux foyers, mais il explique comment cette situation s’est installée, et
par là même, il permet de comprendre Harry, progressivement piégé par une
situation dont il ne peut s’extraire.
Harry rencontre
Phyllis parce que son couple est en difficulté, sa femme Eve s’étend jetée
corps et âme dans le travail. C’est donc la solitude, née d’une incompréhension
(Eve, en réalité, ne cesse d’espérer cet enfant qu’elle ne peut avoir), qui
pousse Harry vers Phyllis, elle aussi terriblement seule.
En imposant un
jeu d’acteurs simple (avec un acteur principal qui n'est pas une star) et une mise
en scène sobre, Ida Lupino insiste sur le rapprochement naturel de Harry et
Phyllis, et qui se fait presque malgré eux, doucement et de façon touchante. Et
c’est au travers de cette douceur et de cette sensibilité que le piège se
referme sur Harry, qui inspire de la pitié ou de la peine, et qui accepte de
devoir payer pour la faute qu’il a commise.
Le thème traité
est très rare, son approche également, de même que le choix d’un personnage
principal si fragile et qui est pris par son destin, ce qui achève de rendre le
film original et captivant.
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