lundi 3 avril 2017

Le Principe de l'incertitude (O Princípio da incerteza de M. de Oliveira, 2002)




Film magnifique de Manuel de Oliveira, dont les images vibrent et les paroles s’amoncellent. L’accord – on devrait dire l’harmonique – entre ce qui est vu et ce qui est dit crée une préciosité lente et délicieuse.
Il s’agit essentiellement d’un quatuor de personnages, aux liens complexes, mais dont la complexité est longtemps cachée par les faux-semblants et que de Oliveira ne révèle que peu à peu. Il faut accepter de se laisser porter et de ne comprendre qu'au fur et à mesure, et encore tout ne sera pas élucidé des rapports troubles ou des motivations des personnages.
Camila, centre pulsionnel du film, irradie l’image et se détache, aussi bien visuellement que dans ses décisions parfois intéressées (elle épouse Antonio pour la position sociale qu’il lui permet d’obtenir), parfois fatalistes ou, parfois encore, détachées du monde (ses visites à la petite chapelle où elle vient chercher l’appui de Jeanne d’Arc).



Faisant indirectement référence au principe d’incertitude d’Heisenberg (en particulier par l’impossibilité de connaître les comportements des femmes – Celsa, Camila ou Vanessa – et leurs réactions),  de Oliveira joue avec l’image, filme des plans fixes qu’il fait durer, laisse ses personnages longuement débattre, jouer avec les noms et se faufiler dans la rhétorique. Il pourfend l’illusion et la manipulation (celles d’Antonio ou Vanessa) et glorifie la force de vie de Camila.
Le film est extrêmement riche, on regrette peut-être le choix de réaliser certaines séquences volontairement en porte-à-faux esthétiques (celles se déroulant dans la boîte de nuit) : elles sont peut-être trop en rupture avec l’univers fascinant, chaud et raffiné de l’ensemble.


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