Premier film à
suivre les préceptes du Dogme95, Festen
interpelle par son incroyable puissance visuelle. Formellement
jusqu’au-boutiste, le film aborde un sujet très difficile qui est traité
d’abord de biais, en suivant un jeu de piste, puis frontalement, au cours des
prises de paroles, terribles, de Christian.
On comprend,
devant ce film, combien les contraintes du Dogme ont pu inspirer Vinterberg et
l’emmener dans des directions artistiques qu’il n’aurait sans doute pas
explorées. A une construction qui respecte des règles ancestrales (unité de
temps, de lieu, d’action), s’ajoutent en effet des contraintes d’images plus innovantes
(absence de lumières artificielles, pas de plans fixes, etc.). C’est
évidemment de ce second aspect que Festen
tire sa force visuelle, passé un temps d’adaptation devant des images qui tremblent
et sautent du coq à l’âne.
La fête de
famille sert alors d’exutoire et permet de déballer le terrible cadavre (la
sœur jumelle qui s’est suicidée un mois plus tôt) en plein repas. Et les
masques tombent, ou, plus précisément, les réalités de chacun s’estompent. Le
père, qui résistera longtemps, sera finalement gommé ; de même que l’équilibre de la
famille, qui a longtemps empêché la vérité d’être révélée, s’écroulera.
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