Très grand film
noir, Laura magnifie tous les ingrédients du genre. La réalisation est
parfaite, avec une saveur cristalline qui éclaire le film et met en relief
les liens entre les personnages en jouant avec ce destin qui semble se graver
au fur et à mesure.
L’interprétation
est parfaite, avec Dana Andrews, tout à fait dans la tradition du film noir,
qui construit un personnage qui semble rustre avant de s’épaissir progressivement,
et, bien sûr, Gene Tierney, dans un rôle légendaire.
Le récit est
complexe : s’il multiplie les flash-backs, il est raconté dans un premier
temps par un personnage mort – rappelant ainsi Boulevard du crépuscule – avec une phrase d’ouverture célèbre (« je n’oublierai jamais le week-end qui
suivit la mort de Laura ») mais qu’il est difficile de replacer après
coup, puisqu’on a bien du mal à situer dans le temps le présent de la
narration. Après une multiplication des suspects autour du meurtre de Laura, le
film se permet un coup de théâtre étonnant (la réapparition de Laura, qui était
alors rendue quasi mystique par l’irrésistible attirance du policier). Dès lors l’histoire
s’enrichit et repart sur de nouvelles bases (celle que l’on croyait victime devient
même suspecte !) qui viennent enrichir le récit : Laura devient le
pivot, non plus seulement de l’intrigue policière, mais des relations complexes
entre les personnages.
Laura aura de
multiples influences. De nombreux films reprendront cette position
centrale d’une femme fatale autour de laquelle tournent des hommes qui
s’affrontent, qu'il s'agisse de films noirs (par exemple Gilda de C. Vidor) ou de drames (tels que La Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz). On retrouvera aussi, par
exemple, dans le personnage de Lydecker, des prémices d’Andrew Wyke, interprété
par Laurence Olivier, dans Le Limier
de Mankiewicz.
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