mardi 18 avril 2017

Laura (O. Preminger, 1944)




Très grand film noir, Laura magnifie tous les ingrédients du genre. La réalisation est parfaite, avec une saveur cristalline qui éclaire le film et met en relief les liens entre les personnages en jouant avec ce destin qui semble se graver au fur et à mesure.
L’interprétation est parfaite, avec Dana Andrews, tout à fait dans la tradition du film noir, qui construit un personnage qui semble rustre avant de s’épaissir progressivement, et, bien sûr, Gene Tierney, dans un rôle légendaire.
Le récit est complexe : s’il multiplie les flash-backs, il est raconté dans un premier temps par un personnage mort – rappelant ainsi Boulevard du crépuscule – avec une phrase d’ouverture célèbre (« je n’oublierai jamais le week-end qui suivit la mort de Laura ») mais qu’il est difficile de replacer après coup, puisqu’on a bien du mal à situer dans le temps le présent de la narration. Après une multiplication des suspects autour du meurtre de Laura, le film se permet un coup de théâtre étonnant (la réapparition de Laura, qui était alors rendue quasi mystique par l’irrésistible attirance du policier). Dès lors l’histoire s’enrichit et repart sur de nouvelles bases (celle que l’on croyait victime devient même suspecte !) qui viennent enrichir le récit : Laura devient le pivot, non plus seulement de l’intrigue policière, mais des relations complexes entre les personnages.


Laura aura de multiples influences. De nombreux films reprendront cette position centrale d’une femme fatale autour de laquelle tournent des hommes qui s’affrontent, qu'il s'agisse de films noirs (par exemple Gilda de C. Vidor) ou de drames (tels que La Comtesse aux pieds nus de Mankiewicz). On retrouvera aussi, par exemple, dans le personnage de Lydecker, des prémices d’Andrew Wyke, interprété par Laurence Olivier, dans Le Limier de Mankiewicz.


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