vendredi 19 mai 2017

Alien : Covenant (R. Scott, 2017)




Le retour d’Alien, avec Ridley Scott de nouveau aux commandes, sans être aussi catastrophique que le précédent opus (le très mauvais Prometheus), reste bien décevant.
Dans cette suite du préquel (les scénaristes d’Hollywood inventent des techniques de forage insoupçonnées pour exploiter les filons), Ridley Scott philosophe tout au long du film : il nous montre les passes d’armes entre les androïdes, les hommes et les aliens, en jouant sur l’ambiguïté créateurs/créatures. Résumons : les hommes sont des créateurs d’androïdes (ce qui, disons-le, est un peu exagéré, puisqu’il s’agit d’une réalisation technologique bien loin d’une création, mais n’embêtons pas Ridley Scott avec ces détails), mais l’un d’eux s’émancipe quelque peu et, ayant trouvé un joujou adéquat, se met à jouer au créateur à son tour (et ainsi sont créées les vilaines bestioles, aux cycles de vie toujours plus imaginatifs). Ridley Scott parsème son film de détails qui se veulent hautement significatifs, avec des références bibliques notamment (le vaisseau colonisateur qui est une métaphore de l’Exode), mais qui, mis bout à bout, ne sont guère convaincants. Ridley Scott a peut-être des choses à dire, mais ce n’est pas là qu’il est le meilleur (il l’est plus dans la mise en place d’un suspense savamment élaboré, comme dans le premier film de la série).
Et toutes ces petites questions semblent bien artificielles et fleurent bon le prétexte un peu facile pour une boucherie qui va bon train et pour un film d’action bien conventionnel, sans grande originalité et qui ne sort guère des cadres des précédents films de la série : un pseudo-suspense (des scientifiques qui ignorent tout de ce à quoi ils sont confrontés – à l’inverse du spectateur –), des aliens polymorphes en veux-tu en voilà, et des humains décimés au fur et à mesure, avec de nombreux spasmes épouvantables qui se terminent en barbouillages de sang. On notera aussi la multitude de petites erreurs scénaristiques ou de détails bancals qui nuisent à un film qui se veut d’un réalisme crédible (un exemple parmi tant d'autres : alors que la technologie permet des cryogénisations et des colonisations à travers l’espace, les membres d’équipages s’éclairent avec des lampes torches guère plus puissantes que les lampes actuelles : si ce choix permet de faire monter le suspense dans un couloir sombre, il entraîne aussi une certaine lassitude).
On notera cependant l’univers très noir et gothique de certaines séquences et la fin, bien loin d’un happy-end traditionnel (mais qui est une conséquence de ces films intercalés dans les séries, Star Wars nous ayant déjà fait le coup avec Rogue One), et qui annonce une suite.

Le piège scénaristique d’Alien reste donc toujours le même : la recette du premier opus était celle d’un suspense basé sur une double ignorance (l’ignorance par les protagonistes et par le spectateur de la chose qui les attaque) qui n’a plus lieu d’être (désormais les spectateurs connaissent l'alien). Dès lors, les films suivants, même menés par de solides réalisateurs (Cameron ou Fincher s’y sont attelés), restent une déception.



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