Film culte du cinéma underground et réservé d’abord aux
inconditionnels des expériences cinématographiques marginales, El Topo est un western au style
outrancier et exubérant, très prétentieux et qui se veut un parcours
allégorique chargé de sens (mais à la signification somme toute très restreinte).
On suit ainsi le parcours initiatique, en plusieurs étapes (pêcheur, pénitent,
saint), du hors-la-loi El Topo.
S’il faut reconnaître une volonté de s’exprimer par l’image
– et de prendre donc le média cinéma à sa source –, le touche-à-tout Jodorowsky
procède avec une esthétique du choc, dès l’ouverture (El Topo et son fils
arrivent sur une scène de massacre ou tout baigne dans des flots de sang) et
ensuite, tout au long du film, avec en particulier les morts érigés en images
spectaculaires (à coup de gerbes de sang) ou son utilisation de
« monstres », comme un lointain écho à Freaks. On sent aussi
Jodorowsky très attentif à consteller son film de symboles, en se concentrant sur les éléments (sable, eau, etc.) ou sur les figures
géométriques (les polyèdres en allumettes de l’un des maîtres du désert).
Mais, malgré cette volonté de surprendre par l’image,
l'ensemble, kitsch, sanguinolent, avec un manque de connexion dans l’itinéraire
d’El Topo et, surtout, une dimension mystique à mi-chemin entre Bouddha et le
Christ, donne au film une dimension typée années 70 qui a assez mal vieilli.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire