Premier film réussi de Julia Ducournau, qui traite de
cannibalisme, sujet souvent inféodé au genre des films d’horreur. On croise pourtant
plus régulièrement qu’on ne pense des films sur ce sujet, même hors des
sentiers des purs films de genre (on pense par exemple à Vorace, J’ai rencontré le
diable, La Route, Ma Loute ou encore The Neon Demon).
Grave joue sur la révélation progressive d’une appétence pour la chair
fraîche de la jeune Justine. Elle se découvre animal (l’animalité se révèle
contre l’humanité), comme sa sœur, comme ses parents. Et la végétarienne
devient carnassière sans coup férir, le temps d’une mue rapide (mais assez peu
convaincante). Le film explore à sa façon les liens du sang et les plaisirs de
la chair, et on trouvera de nombreuses métaphores à cette lignée cannibale.
L’idée de situer l’histoire
dans une prépa véto est excellente, on déambule dans un univers
d’animaux morts, de bocaux de formols et de dissections mais aussi autour d’un
bizutage poisseux et orgiaque parfaitement réussi.
Il est dommage que le film montre un peu trop la crudité des
chairs (toujours cette volonté de monstration inutile et violente avec
l’irruption de moments trashs) et que l’humour tombe bien mal, puisqu’il sert à
désamorcer les situations plutôt plus qu’à prendre une distance sur le sujet
qui se veut lourd (mais alors, si le sujet se veut lourd, pourquoi de
l’humour ?). Question ambiance, on retiendra davantage celle, glaçante, de
The Neon Demon.
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