Étrange western
de Monte Hellman, qui dépouille le genre jusqu’à l’abstraction. Hellman filme
une course-poursuite où il s'agit de rattraper une personne énigmatique et mal
définie, avec des tenants et aboutissants que l’on saisit mal. Une femme dont on ne sait rien offre une récompense à deux cow-boys pour
suivre les traces d’un homme qu’elle poursuit. Un tueur à gage, également
engagé par la femme, les rejoint bientôt. Ce tueur apparaît lui, au milieu
de tant de dépouillement, comme caricatural (Jack Nicholson fait penser à Jack
Palance dans Shane). Et tout ce petit
monde s’enfonce dans le désert, en suivant des traces dont on se demande si
elles mènent réellement vers une personne qui les précède.
Au fur et à
mesure que les poursuivants s’enfoncent dans le désert, la nature se dépouille,
et il ne reste rien d’autre qu’un désert minéral de plus en plus dur à
affronter. La soif se fait sentir, les chevaux s’épuisent, la mort, de plus en
plus certainement, est au bout de cette piste sans fin. Cette abstraction
progressive est très réussie. Cette itinéraire sans fin et sans guère
d’illusion se retrouve par exemple dans Gerry de Gus Van Sant.
La fin est quasi
expérimentale : un jeu de miroir est l’occasion d’un ralentissement
extrême, qui va jusqu’à décomposer l’image. Paradoxalement le dénouement est
rapide et abrupt. Hellman réitérera, sous une autre forme, ce type de fin qui
vient presque interrompre le cours du film plutôt qu’achever la narration, avec
la pellicule enflammée de Macadam à deux voies.
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