Très grand film
policier, Le Cercle rouge constitue sans
doute le chef d’œuvre de Melville qui maitrise désormais parfaitement un genre
qu’il a mis à sa main, avec son style épuré et sec. Si l’interprétation est exceptionnelle, on retiendra Bourvil, à contre-emploi, parfait en commissaire.
Le cercle rouge
désigne cette fatalité qui conduit les truands à se retrouver tous au même
endroit pour périr sous les coups de Mattéi.
Les hommes sont
mutiques, les bâtiments froids, les campagnes vides. Le monde se désincarne,
les liens entre les hommes se distendent. On est loin de Bob le flambeur et de son milieu plein de gouaille et de parties de
cartes enfumées. On retrouve ici le style atteint dans Le Samouraï, celui de l’épure froide, avec des personnages qui
semblent des corps vides errant dans des espaces désertés.
Et, comme pour
affirmer davantage encore son style, Melville amincit la ligne de séparation entre
policiers et truands (la voiture qui grille un feu en début de film pourrait
bien être celle de criminels ; Jansen est un ancien flic devenu criminel),
jusqu’à mettre tout le monde dans le même sac : « Il n’y a pas d’innocents. Les hommes sont coupables. Ils viennent
au monde innocent mais ça ne dure pas » explique l’inspecteur général
au commissaire. Melville épouse alors le ressenti terriblement pessimiste de Fritz
Lang, son style venant exprimer une vision sombre et désespérée.
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