Il s’agit de l’avant-dernier
film de Visconti, réalisé alors qu’il peine à se déplacer. Le scénario, conçu
en connaissance de cause, privilégie donc le huis clos, organisé dans le vaste
appartement du professeur avec uniquement quelques séquences dans l’appartement
du dessus.
Le personnage du
professeur (Burt Lancaster parfait, comme toujours) est typiquement
viscontien : il appartient totalement au passé, son époque est révolue.
Son adoration de l’art classique et son rejet de l’art contemporain en sont une
expression. Il a bien conscience de ce temps et ne souhaite d’ailleurs qu’être
laissé tranquille. L’irruption de la famille Brumonti est le symbole de l’irruption
de la vie dans un appartement où plus rien ne bougeait. La marquise, ses
enfants, son amant, sont d’abord des locataires épouvantables avant que, petit
à petit, le lien ne se tisse et que le professeur, à son corps défendant, ne se
sociabilise à nouveau.
Mais cette génération,
qui suit celle du professeur, est montrée comme déjà décadente, presque dégénérée,
que ce soit au niveau des goûts, des mœurs, des habitudes de vie. Le film,
donc, sans avoir bien sûr l’ampleur du Guépard,
reprend les mêmes ressorts, entre vieille génération respectable, qui sait que
son temps a passé, et nouvelle génération, presque déjà condamnée.
On notera que la
lecture du film peut être celle d’un rêve. Le générique se déroule sur fond
d’un électrocardiogramme, et on le retrouve en fin de film : c’est celui
du professeur, désormais alité. Peut-être tout le film n’est-il qu’une image
mentale du professeur moribond, qui pense à ce que serait, une dernière fois, le
fourmillement de la vie autour de lui.
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