jeudi 18 janvier 2018

120 battements par minute (R. Campillo, 2017)




Intéressant et touchant film sur l’association Act Up-Paris, dans sa lutte pour faire reconnaître l’épidémie de SIDA au début des années 90 et pour pousser les laboratoires à accélérer leurs recherches de solutions médicales.
Le film parvient à passer progressivement d’un univers à un autre : il insiste d’abord sur le militantisme de l’association, par le biais d’assemblées (des réunions hebdomadaires entre militants que la maladie réunit) et de coups médiatiques, avant de glisser vers un ton plus intimiste, avec la relation entre Nathan et Sean, dont l'état s'aggrave. Nathan, dans sa façon d’être là aux côtés de son ami mourant, se pose comme un ange gardien, qui accompagne mais que la maladie épargne.
La première partie du film fait écho à Harvey Milk de G. Van Sant, avec cette façon qu’a le réalisateur de nous plonger au cœur d'une association et d'une communauté qui lutte pour ses droits (puisque la maladie se conjugue ici avec l’homosexualité : la lutte pour la reconnaissance du SIDA allant de pair, du point de vue d’Act-Up, avec la reconnaissance de droits pour les homosexuels). La seconde partie, quant à elle, évoque davantage Dallas Buyers Club de J.- M. Vallée, toujours sur ce thème de la lutte contre le SIDA, mais abordé sous un plan plus radical et médical.

120 battements par minute mélange donc adroitement l’atmosphère de militantisme sauvage et agressif (mais non violent) de l’association avec une humeur beaucoup plus tragique. Et le film bénéficie de l’excellente interprétation des trois rôles masculins principaux. Nahuel Pérez Biscayart, en particulier, emmène très loin son personnage de Sean qui est progressivement détruit par la maladie en même temps qu'il rencontre Nathan. On pourra reprocher le ton final très tire-larmes, alors que le film ne le laissait pas présager.


Act Up-Paris s’est réjoui à juste titre de son succès à Cannes (Grand Prix du Festival) en y voyant une caisse de résonance permettant de parler à nouveau du SIDA. Mais le film, situé dans le passé, peut laisser croire que ces années SIDA sont révolues et que la maladie appartient au passé, ce qui peut être regrettable pour un film militant.


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