Très intéressant
film de Sidney Lumet, au pitch séduisant, et qui tourne sur un rythme lent et mesuré. L’idée
de départ est excellente (la fuite perpétuelle d’une famille qui continue de
devoir se cacher plus de vingt ans après des faits de jeunesse) et, en suivant le
quotidien des membres de la famille, on ressent leur lassitude, de continuer ainsi à être
traqués depuis tant de temps, à devoir vivre aux aguets en étant prêts à fuir au
moindre signe ; on ressent la distance entre ce qu’étaient les parents
lorsqu’ils ont posé leur bombe, et ce qu’ils sont aujourd’hui, à remettre à
leur place ces utopies de jeunesse, à bricoler dans chaque ville pour
s’installer ou trouver une nouvelle identité. Le titre original est d'ailleurs très parlant (bien plus que sa très médiocre version française).
Les enfants
grandissent, ils acceptent de moins en moins cette vie qui les oblige à se
déraciner perpétuellement et leur avenir est en question. En effet, enchaînés à
ce passé, comment peuvent-ils se construire un avenir ?
Le film est un
bel exemple de transition d’une génération à l’autre, entre celle, militante, des
années 70 (avec le Viêt Nam en toile de fond) et celle, désengagée, des années
90. C'est comme si le passage de relais ne s'était pas fait, comme si le témoin était tombé et que la mécanique militante n'était plus. Du film se
dégagent alors une grande sensibilité et une profonde mélancolie, comme si tous ces
combats devaient s’éteindre, en remettant les utopies à leur juste place, en
comprenant que ces luttes signifient aussi faire souffrir ceux qu’on aime
(au-delà de la victime directe de leur bombe, ce sont les enfants qui sont les
victimes de l'engagement des parents, même vingt ans après). On regrette peut-être que la fin, alors, soit un
peu trop évidente et prédictible.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire