vendredi 6 avril 2018

Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures (Uncle Boonmee Who Can Recall His Past Lives, de A. Weerasethakul, 2010)





Film doux et calme de Apichatpong Weerasethakul, dont l’œil cherche à saisir le voyage spirituel de l’oncle Boonmee, que son insuffisance rénale épuise, et qui sent qu’il va mourir. Il revoit alors sa femme défunte et son fils disparu, qui viennent l’apaiser une dernière fois : ils reviennent en fantôme et sont accueillis avec simplicité à la table du repas. On ne s’étonne pas, chez Weerasethakul de voir ainsi arriver un fantôme ou un monstre poilu aux yeux rouges (qui évoque étrangement Chewbacca) tant le cinéaste parvient, avec une facilité étonnante, à glisser du naturel au merveilleux. C’est que Weerasethakul cherche à saisir la douceur des choses, à les ramener à un état de nature, loin de la hâte de la civilisation.


Le film est ainsi placé à la lisière entre la civilisation et la forêt, à laquelle Weerasethakul revient toujours : l’ouverture du film (très belle), la balade du fils qui se perd en prenant des photos, les singes-fantômes, la grotte qui recueillera Boonmee. Pourtant les guerres du passé ne sont pas bien loin et hantent le film (Boonmee pense que ses souffrances viennent de ce qu’il a tué trop de communistes et il a des visions d’un futur à nouveau guerrier).


Et le film, entrecoupé de rêveries et de moments calmes, cherche à capter la mélodie de la jungle, tout en rapprochant peu à peu Boonmee de sa mort.
On remarquera que, si la fin est très intéressante – cette idée de vies parallèles qui ouvre bien des perspectives –, on s’étonne un peu que le cinéaste ne fouille pas plus cette autre approche du merveilleux.

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