Film doux et calme de Apichatpong Weerasethakul, dont l’œil
cherche à saisir le voyage spirituel de l’oncle Boonmee, que son insuffisance
rénale épuise, et qui sent qu’il va mourir. Il revoit alors sa femme défunte et
son fils disparu, qui viennent l’apaiser une dernière fois : ils reviennent
en fantôme et sont accueillis avec simplicité à la table du repas. On ne
s’étonne pas, chez Weerasethakul de voir ainsi arriver un fantôme ou un monstre
poilu aux yeux rouges (qui évoque étrangement Chewbacca) tant le cinéaste
parvient, avec une facilité étonnante, à glisser du naturel au merveilleux. C’est
que Weerasethakul cherche à saisir la douceur des choses, à les ramener à un
état de nature, loin de la hâte de la civilisation.
Le film est ainsi placé à
la lisière entre la civilisation et la forêt, à laquelle Weerasethakul revient toujours :
l’ouverture du film (très belle), la balade du fils qui se perd en prenant des
photos, les singes-fantômes, la grotte qui recueillera Boonmee. Pourtant les
guerres du passé ne sont pas bien loin et hantent le film (Boonmee pense que ses souffrances
viennent de ce qu’il a tué trop de communistes et il a des visions d’un futur à
nouveau guerrier).
Et le film, entrecoupé de rêveries et de moments calmes, cherche
à capter la mélodie de la jungle, tout en rapprochant peu à peu Boonmee de sa mort.
On remarquera que, si la fin est très intéressante – cette
idée de vies parallèles qui ouvre bien des perspectives –, on s’étonne un peu
que le cinéaste ne fouille pas plus cette autre approche du merveilleux.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire