lundi 4 juin 2018

Menace dans la nuit (He Ran All the Way de J. Berry, 1951)




Sombre film noir de John Berry, qui tourne rapidement au huis-clos oppressant. La teneur tragique du film est imprimée très vite par le réalisateur : Nick Robey (très bon John Garfield, au visage à la fois dur et effrayé) est un looser dépassé par les évènements, qui prend sans cesse de mauvaises décisions et s’enfonce dans une situation toujours plus inextricable. C’est ainsi que le polar devient un film noir : le personnage principal n’est plus un héros à la James Cagney ou à la Paul Muni, mais une petite frappe, épuisée par une réalité sociale dure et sur laquelle le sort s’acharne. L’image finale conclut de façon extraordinaire le film.
La relation qu’il noue avec Peg (bonne composition de Shelley Winters dans un type de personnage qu’elle connaît bien, celui de l’ouvrière prolétaire un peu coincée et hésitante) est complexe et reste ambiguë jusqu’aux derniers instants : le film gagne beaucoup à travailler ces deux personnages et à rendre réaliste leurs hésitations et leurs revirements. Peg, tenaillée entre son attirance pour Nick et sa fidélité à sa famille, s’inscrit parfaitement dans cette veine réaliste, qui montre le peuple déchiré. John Berry cherche ainsi, par ses personnages (qui sont loin de tout héroïsme), par ses décors (l’intérieur de l’appartement) et ses situations (la séquence dans la piscine), à donner une teinte réaliste à son film.



Il faut noter que l'humeur sombre du film fait écho aux conditions très dures qui ont entouré le film puisque John Berry, John Garfield et le scénariste Dalton Trumbo, subissant tous trois les affres du maccarthysme, verront leur carrière s’arrêter très vite. John Berry et David Trumbo devront s’exiler et John Garfield, devenu un paria à Hollywood, mourra bientôt.

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