Petit film de
Capra, qui revient à la réalisation de longs-métrages après une pause de
plusieurs années (pendant lesquelles il a travaillé pour la télévision). Son
optimisme teinté de naïveté semble s’être accru puisqu’il a fait disparaître
les quelques méchants qui peuplaient ses films : pas d’arrivistes dans ce
film, ni de politiciens sans scrupules ou de financiers avides. Autour de Tony
Manetta (Frank Sinatra), petit bidouilleur ambitieux mais assez peu capable de
s’en sortir, ne gravitent finalement que des gens qui l’ont en estime. C’est
l’incapacité propre de Tony, qui prend sans cesse de mauvaises décisions, qui
lui rend la vie difficile. Dans ce sens le monde de Capra s’est encore détaché
de la vie réelle.
Mais le côté
fable moralisatrice a disparu également et une nonchalance pleine de maturité
ressort du film : en cessant d’opposer des mondes différents, Capra dégage
une atmosphère sans onde négative, dont le ton oscille entre la comédie et la
mélancolie.
Capra parvient à
peindre de façon assez fine son personnage principal, perdu dans une grande
solitude, qui fait ce qu’il peut mais dont les carences affectives (il est
veuf), malgré la présence de son fils, le rendent incapable de rien faire
d’autre qu’affleurer à la surface des choses et être constamment en porte à
faux avec la réalité, d’où ses flirts ou sa gestion calamiteuse. Le film
correspond pour Tony à une lente prise de conscience de ce qu’il est un
bon-à-rien, ce que lui répète son frère grincheux (Edward G. Robinson, très drôle), tout au long du film.
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