vendredi 22 juin 2018

Un trou dans la tête (A Hole in the Head de F. Capra, 1959)




Petit film de Capra, qui revient à la réalisation de longs-métrages après une pause de plusieurs années (pendant lesquelles il a travaillé pour la télévision). Son optimisme teinté de naïveté semble s’être accru puisqu’il a fait disparaître les quelques méchants qui peuplaient ses films : pas d’arrivistes dans ce film, ni de politiciens sans scrupules ou de financiers avides. Autour de Tony Manetta (Frank Sinatra), petit bidouilleur ambitieux mais assez peu capable de s’en sortir, ne gravitent finalement que des gens qui l’ont en estime. C’est l’incapacité propre de Tony, qui prend sans cesse de mauvaises décisions, qui lui rend la vie difficile. Dans ce sens le monde de Capra s’est encore détaché de la vie réelle.
Mais le côté fable moralisatrice a disparu également et une nonchalance pleine de maturité ressort du film : en cessant d’opposer des mondes différents, Capra dégage une atmosphère sans onde négative, dont le ton oscille entre la comédie et la mélancolie.



Capra parvient à peindre de façon assez fine son personnage principal, perdu dans une grande solitude, qui fait ce qu’il peut mais dont les carences affectives (il est veuf), malgré la présence de son fils, le rendent incapable de rien faire d’autre qu’affleurer à la surface des choses et être constamment en porte à faux avec la réalité, d’où ses flirts ou sa gestion calamiteuse. Le film correspond pour Tony à une lente prise de conscience de ce qu’il est un bon-à-rien, ce que lui répète son frère grincheux (Edward G. Robinson, très drôle), tout au long du film.

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