Film étrange et déroutant de Claude Miller, qui sort des canons
habituels du polar. Il nous associe étroitement à la quête obsédée de l’Œil
(Michel Serrault), détective perdu et désabusé, qui se met à suivre Catherine (Isabelle Adjani),
une femme fatale meurtrière, qui séduit et tue, tour à tour, ses riches amants.
Mais, bien plus qu’une enquête policière, sa filature se transforme en
une quête fantasmatique et folle puisque, très vite, l’Œil projette sa fille
perdue (enlevée par sa mère) sur Catherine (il y a du Vertigo dans Mortelle
randonnée). A tel point, même – et c’est là que le délire du détective
devient patent et qu’il fait de la meurtrière un doppelgänger fantasmé – que
l’Œil, non seulement suit Catherine, mais qu’il l’aide à son insu (il efface
ses traces), la force à continuer son rôle de meurtrière (en
tuant lui-même celui dont elle était tombée amoureuse et qui aurait donc stoppé
sa course meurtrière) et la confond peu à peu en sa fille perdue.
Claude Miller déploie une atmosphère sombre mais malgré tout onirique et décalée qui devient par moment presque fantastique. Et, par-delà chaque scène, on sent une douleur profonde, ténue mais toujours présente : celle de l’Œil qui voit le monde au travers du prisme de son deuil impossible. Tout est sombre, tout est achevé, la vie semble s’être échappée du film.
Mortelle randonnée doit beaucoup à l’interprétation exceptionnelle de Michel Serrault dont le jeu trouve une tonalité incroyablement équilibrée : il parvient à rehausser une profonde tristesse d’une touche d’ironie grinçante, à construire – avec cette incessante voix off murmurée qui recouvre le film – une distance avec les événements, et à faire aimer un personnage somme toute peu sympathique.
Claude Miller déploie une atmosphère sombre mais malgré tout onirique et décalée qui devient par moment presque fantastique. Et, par-delà chaque scène, on sent une douleur profonde, ténue mais toujours présente : celle de l’Œil qui voit le monde au travers du prisme de son deuil impossible. Tout est sombre, tout est achevé, la vie semble s’être échappée du film.
Mortelle randonnée doit beaucoup à l’interprétation exceptionnelle de Michel Serrault dont le jeu trouve une tonalité incroyablement équilibrée : il parvient à rehausser une profonde tristesse d’une touche d’ironie grinçante, à construire – avec cette incessante voix off murmurée qui recouvre le film – une distance avec les événements, et à faire aimer un personnage somme toute peu sympathique.
Et ce film si sombre prend une tonalité étrange par ce personnage
désabusé, qui commente sans cesse ses actes, comme s’il pouvait forcer le
destin (ce qu’il tente de faire en organisant sa rencontre avec Catherine) et,
dans une illusion obsessionnelle, comme s’il pouvait ou bien retrouver sa fille
ou bien en faire son deuil.
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