vendredi 30 novembre 2018

I... comme Icare (H. Verneuil, 1979)




Henri Verneuil délivre un film politique de type conspirationniste, reprenant un genre qui a fait florès aussi bien aux Etats-Unis (avec Frankenheimer, Pakula ou Pollack), en Italie (les films-dossiers de Rosi notamment) qu'en France (avec Costa-Gavras ou Yves Boisset). La présence de Montand évoque évidemment Costa-Gavras : il est ici dans le rôle du procureur sceptique qui enquête.
Sans le nommer directement, le film reprend bien sûr l’assassinat de Kennedy et développe la thèse du complot. Le nom de l’assassin présumé – que le procureur refuse de désigner comme seul coupable – ne laisse aucun doute, puisque Daslow est une anagramme d’Oswald. D’autres indices reprennent d’ailleurs l’assassinat de JFK. Le film déroule alors avec application – mais sans grande originalité ou surprise – l’enquête du procureur qui remonte les pistes une à une et parvient, presque, à comprendre ce qui se passe.

On notera le film dans le film avec l’épisode de l’expérience de Milgram, que Verneuil reprend longuement. Très didactique là aussi, cette séquence aurait gagné à être exposée moins scientifiquement mais Verneuil, qui cherche à asséner son point de vue, ne fait pas dans la dentelle.



C’est d’ailleurs là le reproche de fond de son film : il n’y a pas de place à l’interrogation ou au doute, on ne se situe pas dans la zone grise de l’incertitude. Non, Verneuil sait qu’il y a eu un complot et il le démontre avec de gros sabots.
C’est bien dommage, c’est dans l’incertitude qui plane que se situent les plus grandes réussites du genre. Dans À cause d’un assassinat, par exemple, plus le film avance et moins le héros comprend ce qui se trame autour de lui. Les Trois jours du condor se termine sur un terrible doute qui vient assaillir Turner et remet en cause toutes ses certitudes. Rien de tout cela ici où la démonstration se veut rigoureuse et convaincante. Et, comme toujours, un film militant laisse peu de place à l’émotion et peine à convaincre le spectateur qui n’est pas déjà convaincu.



Dans son JFK, Oliver Stone, sur le même thème et même s’il assène de nombreuses « vérités » qui n’en sont pas (beaucoup de « preuves » avancées ont été largement contredites), cherche plus, in fine, à susciter l’interrogation et le doute, après la commission Warren, qu’à asséner une vérité.

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