mercredi 28 novembre 2018

Salvador (O. Stone, 1986)




Moins connu que d’autres films d’Oliver Stone qui ont suscité débats et controverses (Platoon, JFK ou Tueurs nés), Salvador déverse pourtant cette énergie incroyable que peut mettre le réalisateur dans ces films. Certes Stone ne fait pas dans la finesse (avec par exemple la vision de charniers, des gros plans sur des enfants ensanglantés ou le viol des bénévoles de l’humanitaire) et chaque séquence se veut un coup de poing asséné à la figure du spectateur, mais l’ensemble fonctionne et le film apparaît comme un maelstrom frénétique. Si la mise en scène semble un peu brouillonne, c’est qu’elle cherche à saisir ce bouillonnement d’images.
James Wood est exceptionnel, habité par ce rôle du journaliste ambigu, à la fois magouilleur et sincère. Il traverse le film comme un torrent, s’humanisant de plus en plus, à mesure qu’il se prend de plein fouet la violence du conflit et ses atrocités.



Si Oliver Stone n’invente rien en dénonçant l’intervention américaine au Salvador, il le fait avec une conviction chevillée au corps et une violente envie d’en découdre. On se réjouit, d’ailleurs, qu’un tel film puisse être produit, tourné et distribué, sous Reagan, en s’attaquant directement à son gouvernement, alors même que, bien souvent (et avec raison le plus souvent), on dénonce l’affadissement du cinéma dans les années 80, après la fin du Nouvel Hollywood.

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