Moins connu que
d’autres films d’Oliver Stone qui ont suscité débats et controverses (Platoon, JFK ou Tueurs nés), Salvador déverse pourtant cette énergie
incroyable que peut mettre le réalisateur dans ces films. Certes Stone ne fait
pas dans la finesse (avec par exemple la vision de charniers, des gros plans sur des enfants
ensanglantés ou le viol des bénévoles de l’humanitaire) et chaque séquence
se veut un coup de poing asséné à la figure du spectateur, mais l’ensemble
fonctionne et le film apparaît comme un maelstrom frénétique. Si la mise en
scène semble un peu brouillonne, c’est qu’elle cherche à saisir ce
bouillonnement d’images.
James Wood est
exceptionnel, habité par ce rôle du journaliste ambigu, à la fois magouilleur
et sincère. Il traverse le film comme un torrent, s’humanisant de plus en plus,
à mesure qu’il se prend de plein fouet la violence du conflit et ses atrocités.
Si Oliver Stone
n’invente rien en dénonçant l’intervention américaine au Salvador, il le fait
avec une conviction chevillée au corps et une violente envie d’en découdre. On
se réjouit, d’ailleurs, qu’un tel film puisse être produit, tourné et
distribué, sous Reagan, en s’attaquant directement à son gouvernement, alors
même que, bien souvent (et avec raison le plus souvent), on dénonce
l’affadissement du cinéma dans les années 80, après la fin du Nouvel Hollywood.
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