Brillant film sur le passage à l’âge adulte, Deep End est porté par une forme surprenante et
décalée, faite d’un mélange de fraîcheur et de couleur, mais aussi de non-dits
et de décrépitude.
Mike, du haut de
ses quinze ans, s’entiche de la jolie Susan, mais il découvre progressivement
le versant adulte de Susan et il échoue sans cesse dans son trajet vers elle.
Il faut dire que Susan joue violemment avec lui, l’attirant pour mieux le
repousser, le laissant espérer (le baiser au cinéma) pour mieux le laisser en
plan. Elle semble rejeter l’univers adulte glauque (les femmes vicieuses dans
les bains) et se veut libre et détachée des choses, mais, dans le même temps,
elle se fait manipuler par le prof de sport ou se fiance pour un diamant. Dès
lors, Deep end, avec sa fin tragique, est l’histoire d’une
initiation amoureuse qui échoue.
Jerzy
Skolimowski compose des jeux chromatiques puissants qui donnent un ton onirique
et décalé. Avec des aplats de peinture éclatants – depuis le manteau jaune
canari de Susan jusqu’aux couloirs peints (et repeints d’ailleurs, par un
peintre venu d’on ne sait où) – il compose à la fois une palette étrange dans cet
univers que l’on pouvait croire réaliste et annonce le rouge du final tragique.
Le film joue
aussi avec des images mentales, lorsque Mike imagine sa relation avec Susan,
qu’il plonge et se love contre son portrait qui flotte (Ophelia de
David Millais n’est pas loin), qu’il s’imagine lui faire l’amour.
Et Skolimowski parvient –
lui le polonais fraîchement exilé – à saisir incroyablement cette atmosphère
londonienne, au travers des clients des bains ou dans les rues de Soho.
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