jeudi 6 décembre 2018

Le Signe de la croix (The Sign of the Cross de C. B. DeMille, 1932)




Dans cette grosse production des années 30, Cecil B. DeMille parvient à donner corps à ce pur produit des studios, qui donne à la fois dans l’énormité (importance des figurants, du nombre de costumes, etc.) et dans le kitsch (les accoutrements des Romains, les représentations des chrétiens).
Le film vaut surtout pour plusieurs séquences étonnantes, rendues possibles (et montrables) uniquement parce que Hollywood n’a pas encore mis en application son code de censure.
C’est ainsi que les palais romains sont présentés comme des lieux de débauche, avec une danse improbable d’une jeune romaine qui cherche à faire renoncer Marcia dans son soutien aux chrétiens, danse lascive, aux relents lesbiens évidents.



Les séquences finales, qui montrent les jeux du cirque, sont elles aussi incroyables. Incroyables de violence, d’originalité, de bestialité et de diversité dans le sadisme. On y voit des pygmées qui affrontent des amazones (!), des éléphants qui écrasent des chrétiens, une femme enchainée livrée à un gorille (!). Le tout suivi par des spectateurs avides du spectacle et filmés en gros plans dans leur excitation. La violence (et l’imagination dans la violence) de ces séquences surprend encore aujourd’hui.



On comprend que ce genre de films précipitera l’application du code Hays qui était en préparation depuis quelques années à Hollywood. Le Signe de la croix (dont le titre procède d’une belle erreur historique, les chrétiens se reconnaissant au travers du symbole du poisson à cette période) reste ainsi un film d’un autre temps, très différent des péplums réalisés ensuite (par exemple le célèbre Quo vadis de M. LeRoy qui reprend l’incendie de Rome sous Néron), qui devront se plier aux exigences strictes de la censure.


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