Dans cette grosse
production des années 30, Cecil B. DeMille parvient à donner corps à ce pur produit des studios, qui donne à la fois dans
l’énormité (importance des figurants, du nombre de costumes, etc.) et dans le
kitsch (les accoutrements des Romains, les représentations des chrétiens).
Le film vaut
surtout pour plusieurs séquences étonnantes, rendues possibles (et montrables)
uniquement parce que Hollywood n’a pas encore mis en application son code de
censure.
C’est ainsi que
les palais romains sont présentés comme des lieux de débauche, avec une danse
improbable d’une jeune romaine qui cherche à faire renoncer Marcia dans son
soutien aux chrétiens, danse lascive, aux relents lesbiens évidents.
Les séquences
finales, qui montrent les jeux du cirque, sont elles aussi incroyables.
Incroyables de violence, d’originalité, de bestialité et de diversité dans le sadisme. On y voit des pygmées
qui affrontent des amazones (!), des éléphants qui écrasent des chrétiens, une
femme enchainée livrée à un gorille (!). Le tout suivi par des spectateurs
avides du spectacle et filmés en gros plans dans leur excitation. La violence (et
l’imagination dans la violence) de ces séquences surprend encore aujourd’hui.
On comprend que
ce genre de films précipitera l’application du code Hays qui était en
préparation depuis quelques années à Hollywood. Le Signe de la croix (dont le titre procède d’une belle erreur
historique, les chrétiens se reconnaissant au travers du symbole du poisson à
cette période) reste ainsi un film d’un autre temps, très différent des
péplums réalisés ensuite (par exemple le célèbre Quo vadis de M. LeRoy qui reprend l’incendie de Rome sous Néron),
qui devront se plier aux exigences strictes de la censure.
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