Western assez
décevant qui semble bien ambitieux (acteurs stars, volonté de filmer avec une
esthétique particulière, reprise d’un personnage légendaire déjà traité au
cinéma de nombreuses fois dans des films célèbres) mais qui tourne à peu près à
vide.
S’appuyant sur
une lumière magnifique, Dominik construit un film lent, très épuré et même
élégiaque par moment. L’image est proche du noir et blanc, les espaces sont
souvent vides, les intérieurs peu meublés. Les personnages (Jesse James
notamment) semblent seuls. Le film prend en fait le contre-pied du film
fondateur de King (Le Brigand bien-aimé),
tout en chatoyance et en action (Brad Pitt reprenant d’ailleurs l’aspect de
dandy de Tyrone Power). Mais l’humeur poétique recherchée n’y est pas, la
lenteur est trop appuyée, elle n’est qu’un ralentissement ennuyeux. Andrew
Dominik n’est pas Terrence Malick et filmer la nature, quand bien même la
lumière est splendide, ne suffit pas à atteindre une poésie si difficile à
saisir.
Le film est donc
une lente avancée vers l’assassinat de Jesse James (le titre l’annonce
clairement) et Jesse noue une relation avec les frères Ford, qui sont là pour le
tuer, en étant filmé comme s’il savait parfaitement ce qui allait se passer.
Dès lors la mort rôde bien avant que la balle soit tirée : le spectateur
attend la balle.
Cette séquence
intervient alors non pas comme une rupture violente qui achève tout à coup la
vie de Jesse (comme dans les films précédents sur le héros hors-la-loi), mais
elle est une destinée tragique qui s’accomplit. La séquence est construite
selon le canon du genre (le film de King), et on ne saurait dire si Dominik
cherche à filmer la fin de Jesse James ou s’il propose une reprise épurée du
film de King. Cette fin s’étire dans le temps et Jesse semble fatigué,
psychologiquement usé après un lent déclin. Il sent parfaitement la mort venir
et met en scène cette mort : il place ses armes bien soigneusement puis donne une occasion aux frères Ford de le tuer (il veut épousseter un tableau). Jesse voit l’arme pointée et se laisse abattre.
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