vendredi 11 janvier 2019

L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford (The Assassination of Jesse James by the Coward Robert Ford de A. Dominik, 2007)




Western assez décevant qui semble bien ambitieux (acteurs stars, volonté de filmer avec une esthétique particulière, reprise d’un personnage légendaire déjà traité au cinéma de nombreuses fois dans des films célèbres) mais qui tourne à peu près à vide.
S’appuyant sur une lumière magnifique, Dominik construit un film lent, très épuré et même élégiaque par moment. L’image est proche du noir et blanc, les espaces sont souvent vides, les intérieurs peu meublés. Les personnages (Jesse James notamment) semblent seuls. Le film prend en fait le contre-pied du film fondateur de King (Le Brigand bien-aimé), tout en chatoyance et en action (Brad Pitt reprenant d’ailleurs l’aspect de dandy de Tyrone Power). Mais l’humeur poétique recherchée n’y est pas, la lenteur est trop appuyée, elle n’est qu’un ralentissement ennuyeux. Andrew Dominik n’est pas Terrence Malick et filmer la nature, quand bien même la lumière est splendide, ne suffit pas à atteindre une poésie si difficile à saisir.
Le film est donc une lente avancée vers l’assassinat de Jesse James (le titre l’annonce clairement) et Jesse noue une relation avec les frères Ford, qui sont là pour le tuer, en étant filmé comme s’il savait parfaitement ce qui allait se passer. Dès lors la mort rôde bien avant que la balle soit tirée : le spectateur attend la balle.
Cette séquence intervient alors non pas comme une rupture violente qui achève tout à coup la vie de Jesse (comme dans les films précédents sur le héros hors-la-loi), mais elle est une destinée tragique qui s’accomplit. La séquence est construite selon le canon du genre (le film de King), et on ne saurait dire si Dominik cherche à filmer la fin de Jesse James ou s’il propose une reprise épurée du film de King. Cette fin s’étire dans le temps et Jesse semble fatigué, psychologiquement usé après un lent déclin. Il sent parfaitement la mort venir et met en scène cette mort : il place ses armes bien soigneusement puis donne une occasion aux frères Ford de le tuer (il veut épousseter un tableau). Jesse voit l’arme pointée et se laisse abattre.



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