Film très quelconque qui peine à surprendre et qui ne sort pas des
bons sentiments les plus convenus.
Le film, en fait, part de clichés cinématographiques (les personnages
caricaturaux, la représentation de la banlieue ou des lieux de connaissances
réservés aux beaux quartiers, etc.) pour, en fin de compte, arriver à d’autres
clichés (Neïla a triomphé dans ce monde qui la rejetait, elle est devenue
avocate) en passant par les grands clichés de la comédie de la réconciliation
(deux personnes que tout oppose se rapprochent et s’apprivoisent). On part donc
de clichés pour arriver à des clichés en passant par des clichés. Ça fait
beaucoup.
Pour le dire autrement : le film n’est construit qu’avec des
stéréotypes, que ce soit dans la caractérisation des personnages ou dans leurs
trajectoires, on ne peut plus conventionnelles et attendues.
Notons que le cliché, au cinéma, peut être tout à fait porteur. The Truman Show part de clichés que
Peter Weir s’ingéniera à déconstruire (la ville de Truman vous rappelle un
feuilleton télé ? Mais vous êtes dans un feuilleton télé !). Hitchcock
joue avec les clichés dans La Mort aux trousses en construisant sa scène de l’avion en prenant point par point le
contre-pied des clichés du genre. Ou, puisqu’il s’agit ici d’une comédie de
réconciliation, il y a bien des films dont on sait pertinemment où ils vont
(qui ne sortent donc pas des grands clichés qui fondent le genre), mais qui,
malgré cela, restent jouissifs : dans Une
sacrée vérité ou La Dame du vendredi,
c’est justement la façon dont les personnages emprunteront le chemin qui les
conduira à se réconcilier que le spectateur vient voir.
Mais ici, on sait très bien où le film va nous emmener, le chemin
emprunté semble avoir déjà été labouré mille fois et on s’ennuie ferme devant
Neïla qui finit par se faire à la personnalité misanthrope et raciste de Mazard,
Neïla qui est écartelée entre son petit ami (insignifiant) et ses études, Neïla qui
s’habitue aux lieux de connaissances, Neïla qui affermit ses armes oratoires, etc. Le
film ne nous épargne rien, même pas son coup de mou lorsqu’elle veut renoncer
mais qu’elle est sauvée in extremis par le petit ami qui vient lui rappeler
que, quand même, tous ces sacrifices ne doivent pas avoir été vains.
Le film réussit même à passer à côté de ce qui aurait pu constituer
autant de morceaux de bravoure : on ne verra à peu près rien de ces fameux
concours d’éloquence, si ce n’est la première étape, parfaitement ratée par
Neïla.
On ne peut non plus parler longuement des acteurs très quelconques eux aussi, même si à dire vrai ils n'y peuvent pas grand chose : il est bien difficile, avec des personnages aussi anémiques, de les épaissir par une quelconque composition (Daniel Auteuil, notamment, est complètement sous employé).
On ne peut non plus parler longuement des acteurs très quelconques eux aussi, même si à dire vrai ils n'y peuvent pas grand chose : il est bien difficile, avec des personnages aussi anémiques, de les épaissir par une quelconque composition (Daniel Auteuil, notamment, est complètement sous employé).
On regrette aussi qu’un film qui a le bon goût de s’amuser avec Schopenhauer
n’aille pas un peu plus loin et ne cherche pas à bousculer un peu les choses,
protégé, justement, par cet art rhétorique de Schopenhauer.
On peut imaginer un Brio qui
ne fonctionne pas, c’est-à-dire que la réconciliation ne se fait pas, que Neïla
s’en retourne dans sa cité, que l’écart est trop grand entre ses codes à elle
et ses codes à lui. Las, bien au contraire : nul besoin de rhétorique, nul
besoin d’un style, nul besoin de rien du tout en fait, pour dire ce que Yvan
Attal a à nous dire. La trajectoire de son film ne dévie pas d’un pouce
de la bien-pensance la plus ennuyeuse, s’appliquant à cocher toutes les cases
qui construisent un film propre sur lui et qui n’a, de par le fait même, à peu
près rien à dire.
La première fin – Neïla qui vient prendre la défense de Mazard – tout
autant que la seconde – Neïla devenue avocate en remontre à un jeune délinquant
et c’est elle qui transmet – sont, l’une et l’autre, tout à fait navrantes.
Le film s’amuse, en introduction, à citer Jacques Brel, qui assimile
fort justement la bêtise à une fainéantise intellectuelle. Il faut peut-être y
voir une mise en abyme du film, parfaitement fainéant, tant sur le plan des
idées convenues que de la réalisation plan-plan.
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