lundi 8 avril 2019

France société anonyme (A. Corneau, 1974)




Pour son premier film, Alain Corneau livre un objet étrange, qui part un peu dans tous les sens, qui se perd en route, reprend ses idées et livre un message détonant. L’ensemble, un peu foutraque, donne un film tout à fait unique en son genre.
Démarrant en film de science-fiction (un ancien parrain de la drogue est réveillé de son hibernation et raconte son histoire), il se poursuit sur fond de guerre de gangs entre trafiquants de la drogue (on croit avoir affaire à un avatar désargenté de French connection) mais part ensuite vers le pseudo-militantisme avec les délires à la fois amusants et très bien vus du Front de Libération des Toxicomanes Révolutionnaires. Corneau s’amuse alors à montrer une France où les drogues sont légalisées, ce qui donne une fraîcheur étonnante au film.



Michel Bouquet tient impeccablement l’affiche, avec ce ton très bien trouvé entre le personnage à la fois acteur et spectateur des changements qu’il constate.
Bien sûr le film est ambitieux, imparfait, avec des scènes ratées et procède d’un assemblage un peu bancal, mais ce mélange improbable accouche malgré tout d’un film OVNI qui réjouit et interpelle encore aujourd’hui.

Corneau, face à l’échec du film, se tournera ensuite vers des réalisations beaucoup plus conventionnelles et sûres d’elles (en particulier les polars avec Yves Montand en tête d’affiche) et ce n’est qu’au travers de quelques scènes de Série noire qu’on retrouvera cette verve un peu foutraque et délirante qui irrigue France société anonyme.

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