Ce très beau film de Hayao Miyazaki est sans doute l’un de
ses plus aboutis. Tout au long de ce conte fantastique, il parvient à immerger
le spectateur dans un univers à la fois simple et complexe, étrange et
familier.
On ne s’attardera guère sur les métaphores qui emplissent le
film et qui critiquent – de façon un peu facile et convenue – la société
contemporaine (présentée tour à tour comme esclavagiste, aliénante, gloutonne,
etc.). Le jeu sur l’identité rattachée au nom est assez juste, avec cette façon
qu’a la sorcière Yubâba de prendre possession d’une personne en changeant son nom. De
même, le souvenir des noms permet à ces esclaves soumis de s’émanciper de leur
maître.
Mais là n’est pas l’intérêt principal de Miyazaki. La grande
réussite du Voyage de Chihiro est
bien entendu dans la très grande poésie qui s’en dégage, poésie étroitement
liée à l’étonnante imagination de l’univers créé par Miyazaki. Comme
souvent, son style parvient à un mélange de douceur, de couleurs, d’impressions
légères, qui dépassent la stylisation de son
trait pour construire une poésie très belle. On est bien loin des films
d’animation américains (à l’exception, sans doute, des premiers longs métrages
de Walt Disney), le plus souvent incapables de poésie.
C’est sans doute cette sensation légère et douce se diffusant à travers le dessin et les jeux de couleurs, qui a touché un large
public et confère au Voyage de Chihiro
– comme à de nombreux films de Miyazaki – une universalité remarquable, alors que le film est inscrit dans un style très typique (celui des mangas) et dans une culture japonaise très précise.
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