Très beau film de Hirokazu Kore-eda, sur un sujet difficile
(l’histoire est centrée sur les quatre enfants abandonnés à eux-mêmes dans un
appartement) et qui explore cet univers avec une caméra humble, élégante,
pudique, sans jamais tomber dans le
sentimentalisme (le sujet pouvait le faire craindre), le jugement hâtif (le
film n’accuse pas la mère-enfant qui délaisse les enfants) ou dans la morale
facile (le film n’est pas un récit d’initiation qui emmène les enfants vers une
maturité plus grande).
Kore-eda préfère filmer l’union des quatre enfants avec leur
respect des consignes de la mère (ne pas se faire voir, ne pas faire de bruit,
rester cachés) et cette façon qu’ils ont, chacun, de se construire un quotidien
autour de ce pacte. La caméra s’attarde avec douceur sur une multitude de petits
moments qui sont autant de petits riens du quotidien, qui revêtent une
importance pour ces enfants laissés à eux-mêmes. La finesse du cinéma de Kore-eda
montre aussi, en creux, l’indifférence imperméable et sèche de la société que
traversent les enfants.
On admire cette retenue de Kore-eda sur ce fait divers à la
fois étrange et tragique, filmé non pas comme un point d’appui pour un discours
de morale ou une dénonciation de la société, mais en s’attachant à saisir les enfants,
qui se débattent avec résilience face à leur destin singulier. Il y a du Ozu
dans ce calme et dans ce regard porté sur le monde, qui permet aux personnages de
se dévoiler, sans les juger mais en les captant avec finesse.
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