Envoûtant film d’Atom Egoyan, empli de mystère et qui ne
dévoile que très progressivement les liens complexes qui unissent les personnages
et les raisons profondes qui les poussent à agir.
Dans ce climat intrigant, Egoyan situe le cœur pulsionnel du
film dans le club Exotica, la boîte de nuit où se rend si souvent Francis (très bon
Bruce Greenwood) et où il noue une relation étrange avec une jeune danseuse.
Dans ces différentes séquences de la boîte de nuit, Egoyan construit une
atmosphère sensuelle et chaude, à la fois luxuriante, charnelle et mystérieuse,
portée par les psalmodies douces d’Eric (Elias Koteas) et la musique lancinante
de Leonard Cohen.
Et, progressivement, on comprend que tout le récit n’est
qu’un jeu de regards et d’observations (ce que la séquence d’introduction dit
parfaitement), de souvenirs ancrés avec lesquels il faut vivre, et où aucune
relation n’est innocente : ni celle de Francis et de la danseuse, ni celle
de Francis et Eric ; Eric qui manipule Francis ; Francis qui manipule
Thomas Pinto.
Et l’on découvre, tout aussi progressivement, à mesure de l'envoûtement du film, les traumatismes portés par chaque personnage,
traumatismes qui, à la fois, les accablent et les relient indéfectiblement les
uns aux autres.
La construction du film montre une rare intelligence
cinématographique – qui va bien plus loin qu’un simple scénario bien ficelé –
et une maîtrise totale des jeux d’images : Egoyan joue de ressorts
cinématographiques pour montrer sans dévoiler, pour épaissir ses personnages au
fur et à mesure, pour mettre en scène l’ambiguïté d’une relation. Il fait
résonner, à l’image, la luxuriance douce du club avec
la boutique étrange, sombre et moite de Thomas ; il construit un rythme
lent et charnel mais sans cesse intrigant et conduit à sa guise le spectateur
dans le labyrinthe de son film.
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