Ce film célèbre de Giuseppe Tornatore, véritable déclaration d’amour au cinéma emplie de nostalgie, souffre pourtant de bien des
longueurs et, plus, généralement, il surligne maladroitement le moindre de ses
effets.
Tornatore en rajoute à chaque instant, insistant sur chaque émotion, chaque moment du film, avec une musique de Morricone très envahissante et l’ensemble pèse beaucoup.
Noiret fait du Noiret (il en fait toujours un poil trop), et si le jeune Toto a une jolie fraîcheur, en revanche, devenu jeune homme, il est bien peu
convaincant. Et Jacques Perrin, qui lui donne ses traits adultes et qui avait
pourtant peu à faire, parvient lui aussi à en faire trop.
C’est tout à fait dommage, l’idée de départ était magnifique et il y a
en fait bien peu de films qui nous emmènent dans la cabine du projectionniste,
bien peu, aussi, qui nous font vivre les salles de cinéma comme autrefois on
les vivait en Italie, lorsque le cinéma était au cœur du village. Et les rires
de la salle devant Chaplin, ses pleurs devant Le Mensonge d’une mère sont des moments savoureux.
La première partie (avec Toto enfant qui est initié par
Alfredo) est la plus réussie, ensuite, lorsque Toto grandit, le film tombe trop
du côté de l’émotion sucrée (avec l’histoire d’amour fade et mièvre).
La fameuse séquence finale, avec un montage des baisers
censurés préparé par Alfredo, est très belle, mais, là encore, Tornatore, s’y
prend bien mal : il ne cesse d’interrompre la succession des baisers en
nous montrant le contre-champ de Salvatore ému aux larmes. Que ne
laisse-t-il ces baisers nous envahir, sans revenir à son personnage, de sorte
que nous, spectateurs, devenions Salvatore – au lieu de le regarder pleurer –, pour être émerveillés, emportés par cette magie du collage des baisers du cinéma. On voudrait
que cette séquence, sans l’interrompre, dure encore et encore.
Marcello Mastroianni et Maria Schell dans Nuits blanches de L. Visconti |
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