Très beau film de Raffaello Matarazzo, très touchant, avec
des séquences magnifiques. S’éloignant du néoréalisme (le cœur battant du film
est dans l’histoire du couple et la situation sociale est complètement en
retrait), le film trouve le juste équilibre entre une histoire simple mais
tragique, un ancrage italien typique et des sentiments universels.
Matarazzo parvient à construire un film qui reste sobre malgré
le risque d’en faire trop avec des émotions qui auraient facilement pu être
exagérément appuyées. On pense à la séquence à la fois simple et bouleversante où Toto
découvre la liaison supposée de sa mère. C’est ce ton juste qui, sans doute,
touche le spectateur. Les séquences avec les enfants sont parfois déchirantes,
notamment la détresse bouleversante de Toto qui tente d’empêcher sa mère d’aller
à son rendez-vous galant. On retrouvera d’ailleurs cette belle façon de filmer
le désespoir des enfants – dans une histoire plus tragique encore – dans L’Insoumis de Comencini.
L’interprétation est extraordinaire (faire jouer des
enfants, surtout si jeunes, n’est jamais facile) et le fameux duo
Nazzari-Sanson fait ici ses premières armes avant d'être réutilisé de nombreuses fois par Matarazzo.
Le film saisit de façon bouleversante cette famille heureuse qui est progressivement détruite,
avec la détresse des enfants, la tristesse de la mère et le désespoir du père. La
situation, un instant bloquée – le père exilé, la mère éloignée des enfants –,
parvient à se décanter et la famille se retrouve.
Si le titre original, Catene,
fait allusion à une des chansons du film (et évoque les liens entre les anciens amants), le titre français, assez habile, cache bien son jeu en laissant longtemps supposer que c’est l’ancienne liaison qui constitue le mensonge de la mère, alors qu’il se révèle en fin de
film, de façon beaucoup plus poignante encore et confère au personnage toute sa beauté.
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