Film austère et complexe, mais virtuose, Muriel est rempli de silences, de
non-dits, de personnages qui se cherchent, qui évitent de regarder en face les
gouffres de leur passé et le vide de leur existence présente. Et, au cœur du
film, Resnais traite avec génie le récit de Bernard, qui exprime le traumatisme
qui le taraude.
Quand Hélène et Bernard sont ancrés dans un passé qui les retient, Alphonse, de son côté, semble errer, comme coincé entre un passé lacunaire et un
présent dont il semble absent.
Resnais joue à merveille du montage pour construire un
décalage permanent entre le son et l’image, ou pour provoquer des ruptures brusques qui donnent
une étrangeté et une sensation de malaise. L'autre virtuosité est dans l'utilisation de l'image – plus exactement dans la double ressource image et son – : c’est par là que Resnais exprime les choses, beaucoup plus que
par des lignes de dialogues et c’est en cela que, à l’instar de Bergman par
exemple, il utilise à plein l’art cinématographique.
Resnais, avec cette combinaison son-image, crée sans cesse des
dissonances, par exemple dans la scène d’introduction du film, qui est comme
une expression de l’univers mental d’Hélène, qui est entièrement tournée vers le passé, et, même,
vers des parcelles de son passé : Resnais montre autant de courts plans
fixes des meubles d’antiquaires de son appartement.
Les images, a contrario, apparaissent en complet décalage lorsque Bernard raconte la torture en Algérie : bien loin de montrer la séance de torture de Muriel, on voit des soldats vaquer ou s’amuser innocemment. C’est un peu comme si la torture n'était pas montrable. Pourtant ces images viennent colorer terriblement le récit, comme si leur puissance tout en décalage rajoutait à la parole. Et Resnais ménage quand même de curieuses résonances entre les paroles et les images : quand Bernard parle de brûlures de cigarettes, on voit des soldats fumer tranquillement. Si Bernard arrive à dire la torture, Resnais, lui, ne la montre pas.
Les images, a contrario, apparaissent en complet décalage lorsque Bernard raconte la torture en Algérie : bien loin de montrer la séance de torture de Muriel, on voit des soldats vaquer ou s’amuser innocemment. C’est un peu comme si la torture n'était pas montrable. Pourtant ces images viennent colorer terriblement le récit, comme si leur puissance tout en décalage rajoutait à la parole. Et Resnais ménage quand même de curieuses résonances entre les paroles et les images : quand Bernard parle de brûlures de cigarettes, on voit des soldats fumer tranquillement. Si Bernard arrive à dire la torture, Resnais, lui, ne la montre pas.
Le titre du film – Le temps d’un retour – exprime sans doute
que c’est par ce récit que Bernard peut s’extraire du passé et revenir dans le
présent. Il lui faudra néanmoins tuer, un peu plus tard, le bourreau de Muriel.
Muriel, dès lors, n’est pas un film sur la torture, mais bien sur
le traumatisme provoqué par la torture du côté du bourreau.
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