Si c’est avec The Tree of Life que le légendaire (et
très secret) Terrence Malick est récompensé par le monde du cinéma (Palme d’or
à Cannes), le film est pourtant bien loin de ses meilleurs réalisations.
Le style si
particulier de Malick, empli de lyrisme et de poésie, dessinant une nature
comme un Eden envoûtant, avec un rythme calme et décalé, à la beauté
ensorcelante et s’appuyant sur des acteurs qu’il révèle (Martin Sheen ou
Richard Gere) trouve, comme par magie, un équilibre extraordinaire dans ses
deux premiers films (La Balade sauvage
et Les Moissons du ciel). Ce style,
s’il traverse encore La Ligne rouge
et s’il s’exprime encore magnifiquement dans Le Nouveau monde, semble ici, dans The Tree of Life, se perdre : ce qui était naturel semble
forcé, ce qui était équilibré apparaît bancal et la voix off (qui fait
pleinement partie de du style de Malick) devient lénifiante.
Il n’y a plus
cette harmonie magique qui créait une alchimie étrange entre un jeune éboueur à
l’allure de James Dean et le Gasenhauser de Carl Orff ou entre la plaine
rougeoyante et les visages de Brooke Adams et de Sam Shepard. La sauce ne prend
pas. L’incroyable fluidité narrative de Badlands
n’est plus, l’extraordinaire beauté des Moissons
du ciel est remplacée par des images très belles mais qui ne sont plus en
mouvement dans le film : ce n’est plus une caméra qui embrasse la plaine.
Malick, malgré
tout, garde une ambition esthétique totale, cherche et innove, crée des images
et, comme toujours, emplit son film de fulgurances et capte des instants. Mais on
regrette les psalmodies lénifiantes de la voix off quand la beauté pure des
images emplit le cadre. Lui, l’esthète, devient maniériste : il caricature
son propre style, sans parvenir à retrouver cette limpidité poétique de ses
débuts.
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