lundi 12 août 2019

Remous (E. T. Gréville, 1934)




Étonnant et très beau film de Edmond T. Gréville, qui, dans un style très personnel, surprend d’abord par le thème abordé : Remous est en effet entièrement centré sur l'impuissance sexuelle d'un mari après un accident et sur la tentation physique de sa femme. Le film, alors, fixe droit dans les yeux l’opposition entre Henry, le mari qui sent sa femme Jeanne lui échapper, et le désir puissant qui anime Jeanne, partagée entre cette pulsion et son amour pour Henry. L’idée du barrage que construit l’ingénieur paralytique et qui doit interrompre le flot de l’eau est d’ailleurs tout à fait symbolique de ce qui se joue.
Le style de Gréville est dans les jeux d’images qu’il emploie – bien plus que le recours aux dialogues – pour exprimer les pensées ou l’inconscient de ses personnages. Si l'insert à plusieurs reprises de remous est très conventionnel et assez peu efficace, en revanche Gréville brille dans d’autres séquences où il parvient à exprimer les sentiments des personnages, que ce soit par des gros plans intenses ou bien par des collages et des juxtapositions d’images, qui sont parfois presque surréalistes et étonnamment modernes et variés. On pense aussi à la magnifique séquence muette lorsque Henry va voir Robert Vanier, l'amant, et que, découvrant les deux verres utilisés et le divan défait, il repart sans un mot.


La fin est magnifiquement tragique puisque le suicide du mari ne saurait rapprocher la femme de l'amant : bien au contraire, elle ne peut que rester seule – elle est désormais liée à jamais à son mari – et quitte son amant, là encore sans une parole.

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