Étonnant et très
beau film de Edmond T. Gréville, qui, dans un style très personnel, surprend d’abord
par le thème abordé : Remous est
en effet entièrement centré sur l'impuissance sexuelle d'un mari après un
accident et sur la tentation physique de sa femme. Le film, alors, fixe droit
dans les yeux l’opposition entre Henry, le mari qui sent sa femme Jeanne lui
échapper, et le désir puissant qui anime Jeanne, partagée entre cette pulsion
et son amour pour Henry. L’idée du barrage que construit l’ingénieur paralytique
et qui doit interrompre le flot de l’eau est d’ailleurs tout à fait symbolique
de ce qui se joue.
Le style de
Gréville est dans les jeux d’images qu’il emploie – bien plus que le recours
aux dialogues – pour exprimer les pensées ou l’inconscient de ses personnages. Si
l'insert à plusieurs reprises de remous est très conventionnel et assez peu
efficace, en revanche Gréville brille dans d’autres séquences où il parvient à
exprimer les sentiments des personnages, que ce soit par des gros plans
intenses ou bien par des collages et des juxtapositions d’images, qui sont
parfois presque surréalistes et étonnamment modernes et variés. On pense aussi
à la magnifique séquence muette lorsque Henry va voir Robert Vanier, l'amant, et
que, découvrant les deux verres utilisés et le divan défait, il repart
sans un mot.
La fin est
magnifiquement tragique puisque le suicide du mari ne saurait rapprocher la
femme de l'amant : bien au contraire, elle ne peut que rester seule – elle
est désormais liée à jamais à son mari – et quitte son amant, là encore sans
une parole.
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