lundi 7 octobre 2019

Rambo: Last Blood (A. Grunberg, 2019)




Dans ce dernier épisode, Rambo revient, mais il semble bien différent de celui que l’on avait laissé quelque onze ans plus tôt dans John Rambo. Retiré dans la jungle birmane, il semblait montrer une évolution possible du guerrier apparu en 1982 dans le premier épisode de la série. Mais ici, coup de théâtre, Rambo est revenu aux Etats-Unis (admettons), possède un ranch (!) et a même une famille (!). Certes il s’agit de celle de son frère, et sa fille est en réalité sa nièce, mais enfin, le film démarre sur des bases par essence bien peu crédibles : Rambo est installé et il s’est trouvé un home. Bien entendu, cela ne colle pas une seconde avec le personnage.
Le côté cowboy du personnage – évocation lourde de sens dans le cinéma américain – rappelle les grands personnages de westerns traumatisés (on peut penser bien sûr à Ethan Edwards). Mais Rambo (le film) transposait l’univers du western dans celui des films de guerre : cela n’a donc pas grand sens de le transposer, à son tour, vers l’univers du western qui lui est complètement étranger. Assez curieusement, le film évoque par moment Impitoyable (par quelques éléments scénaristiques et même une citation directe).
 Heureusement (si l’on peut dire), le Mexique tout proche est une nouvelle Frontière : il est décrit comme l’antre de la sauvagerie la plus absolue et se promener au Mexique semble aussi dangereux que de déambuler dans une fosse aux serpents. Il fallait bien une jungle à Rambo, ce sera la ville mexicaine.
Mais, à la différence d'Ethan Edwards dans La Prisonnière du désert, Rambo échoue à sauver Debbie qui meurt dans ses bras : Rambo, alors, ne retiendra pas ses coups et dans son affrontement avec 
un cartel ultra-violent, il renchérira dans la violence : les séquences finales – avec l’anéantissement un à un de la bande adverse – sont un féroce moment de boucherie avec force décollations, barres de fer en travers de la tête et autre herses fichées dans le corps. Tout cela n’a à peu près ni queue ni tête, c’est le cas de le dire. Là où la violence extrême pouvait trouver une justification dans la jungle birmane (qui formait, dans l’épisode précédent, une survivance violente de la jungle du Vietnam), toute cette violence, importée dans un ranch texan, n’a plus aucun sens.
Quant à Rambo lui-même, même si Stallone se laisse volontiers filmer en gros plan, montrant ainsi une part de difformité monstrueuse et fatiguée, il est devenu davantage prolixe : le voilà qui assène maintes phrases qui se veulent des aphorismes puissants. On en vient alors à regretter le mutisme du Rambo initial, qui contenait tout, laissant gonfler en lui tous les traumatismes.

Avec son scénario ridicule, son univers en total désaccord avec la généalogie de son personnage et avec sa violence sans retenue, ce Last Blood fatigue et navre. On souhaite qu’il s’agisse vraiment du dernier épisode de la série.

A noter, néanmoins, l’ultime image du film, où l’on voit Rambo, à nouveau sans attache, filer vers l’horizon sur un cheval : il renoue ici, in extremis, avec son personnage. Rambo est en effet un être par essence en errance et en perpétuelle recherche : recherche d’un lieu qui l’accepte, d’un lieu où ses traumatismes le laisseront en paix, une Frontière sans violence, une société qui l'accueille – autant de lieux que, bien sûr, il ne trouvera jamais.



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