Punishment Park met en scène, dans un vaste
montage parallèle (qui dure en fait tout le temps du film), à la fois le
jugement de jeunes dissidents et la prison à ciel ouvert qui les attend. L’inéluctabilité
de leur destin n’en devient progressivement que plus évidente.
Plus que le
propos en lui-même qui apparaît très conventionnel (puisqu’il s’agit d’une
charge contre les policiers ou les militaires et, derrière eux, de toute la
société sclérosée des années 70), on retient la violence de la charge : à
travers le procès dont le jugement est couru d’avance et à travers le
« jeu » fatal qui est proposé aux condamnés dans le désert, l’Amérique
est montrée comme un État policier quasi dictatorial. Le tribunal expéditif
rappelle les tribunaux communistes et les policiers armés, casqués et motorisés
qui s’en prennent aux jeunes jetés dans le désert sont une représentation d’un
pouvoir policier tout puissant.
On retient aussi
le style très innovant, aux allures de reportage télé, et qui épouse habilement
ce qui est dit : une telle charge ne pouvait être montrée à travers une
réalisation classique.
L’idée du
désert, quant à elle, est magnifique : y a-t-il méthode plus radicale de vider
de toute son énergie ces jeunes révoltés qui refusent de se taire et veulent à
toute force se faire entendre ? Les faire marcher jusqu’à l’épuisement
apparaît alors comme la meilleure manière (plus encore que les meurtres qui ont
lieu) de vider de toute sa sève la volonté de révolte de cette jeunesse
contestataire.
Punishment Park apparaît alors comme un parfait exemple du cinéma américain des années 70 où une nouvelle liberté (liberté de tons et de thèmes) permet d’exprimer – ici jusqu’à la caricature, puisque la dénonciation est très outrancière et sans aucune pondération – le rejet d’un conservatisme radical dénoncé comme violent, oppressant et profondément injuste.
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