lundi 16 décembre 2019

Orage (M. Allégret, 1938)




Il est de ces films dont on comprend tout de suite les ressorts de l’intrigue et dont on sait très bien, dès les premières minutes, où il va nous emmener. Bien souvent, en ne surprenant pas, ces films ne passionnent guère. On pourrait croire que c’est le cas d’Orage, dont on peut anticiper très rapidement le nœud gordien qui va se nouer.
Pour autant, avec cet espèce de miracle de l’art, le film ne déçoit pas : une puissante passion déborde très vite sur l’écran et le moment prévu et attendu de la rencontre amoureuse – car c’est bien sûr elle qui est le cœur battant du film – est tremblante d’émotion. Il y a le talent du metteur en scène, sans doute, les jeux du scénario (avec l’ampoule grillée qui oblige à aller chercher des bougies), la lumière sombre qui ne dévoile les personnages que progressivement et puis, bien sûr, il y a Charles Boyer et Michèle Morgan.


Charles Boyer avec son style si particulier, son phrasé, ses intonations ; Michèle Morgan, dix-huit ans, avec ses yeux transparents, son sourire et sa fraîcheur un peu naïve. On la retrouvera brisée la même année dans Quai des brumes, mais, ici, elle est insouciante, légère et n’a pas encore vécu.
L’amour, ensuite, est filmé magnifiquement et le drame se noue : tous, ici, se sacrifient (scénario classique de la période) et le film est très beau.
Mais il faut voir et revoir cette séquence d’Orage, avec les premiers moments dans la petite chambre, où Boyer, en ingénieur sûr de lui, découvre dans la pénombre Michèle Morgan, l’amie de son frère, légère et insouciante, assise au bord du lit et qui remet son bas.


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