Si l’argument du
film est assez simple (on suit un ado écorché vif et déboussolé), son
traitement est très réussi. En effet, Jacques Doillon parvient à saisir avec
beaucoup de finesse et d’acuité la pulsion vitale et désordonnée qui agite Marc,
ado qui se cherche, perdu entre un beau-père aux abonnés absents, une mère
alcoolique, des secrets de famille qui l’envahissent et une volonté de reconstruire
sa vie, de se trouver une famille et de lui donner un nom. On est un peu en
présence d’une version d’Antoine Doinel des Quatre Cents Coups, transposée aux années 90 (la famille est maintenant
complètement éclatée) et issue de la cité. D’ailleurs, malgré le titre on est
loin du film policier : Doillon scrute ses personnages, cherche à les
révéler à l’écran et guette leurs failles pour les explorer aussitôt. Les trois
personnages qui occupent l’écran se rejoignent d’ailleurs par leur solitude et
leurs quêtes (quête d’une sœur, d’une famille, d’un nom). Gérard (très bon
Richard Anconina), flic paternaliste, participe du fantasme de Marc de se
construire une nouvelle famille.
Si toute la première
partie du film (disons jusqu’à l’arrivée à Montpellier et l’entrée en scène de
la sœur) sonne juste, en revanche, ensuite, le scénario se perd un peu, accumulant
les redondances et tournant de plus en plus à vide. D’autant plus que, dans le
même temps, le flic se perd lui aussi, devient de moins en moins crédible à mesure qu’il
change de registre : même s’il n’a jamais eu réellement une posture de
flic mais plutôt celle d’éducateur, il devient progressivement un complice aussi
pommé que les autres.
Evidemment (et
c’est bien dommage), on regrette que les autres personnages qui entourent Marc (notamment,
à la fin, le professeur et le principal) soient des caricatures. La crédibilité
de cette approche qui se voulait au départ accrochée à la réalité en prend un
coup. Et l’on quitte alors le film sur une note beaucoup moins forte que celles
sur lesquelles il avait commencé.
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