Alors qu’on
pouvait s’attendre à un film d’aventures assez conventionnel, Le Phare du bout du monde surprend par
sa violence impitoyable et tragique.
Malgré des maladresses qui affaiblissent le film, de nombreuses séquences sont
très réussies. À commencer par l’entrée en matière des pirates et le
déversement de violence sadique sur les deux infortunés compagnons de Denton qui
installent un malaise sur le film. Les pirates sont des jusqu’au-boutistes, sans
foi ni loi, beaucoup trop sauvages pour les conventions et les habitudes hollywoodiennes.
Et, un peu plus tard, la façon dont les naufragés seront impitoyablement
assassinés viendra en rajouter une couche.
Si l’ami Kirk Douglas
s’en sort, il est bien le seul : Montefiore est torturé (dans une séquence
qui rappelle la terrible scène de La
Canonnière du Yang-Tsé de R. Wise), Arabella est sauvagement violée, et,
finalement, chaque personnage, d’une façon ou d’une autre, finit tailladé,
abattu, brûlé, transpercé, écrasé, etc. Même le petit singe est déchiqueté sans coup férir.
Au milieu de tant
de violences, certaines séquences sont sèches et brutes (Kirk Douglas accroché à
la falaise), d’autres presque baroques (lorsqu’il visite avec son compagnon
d’infortune le bateau échoué), d’autres cherchent à ficher des images dans les
yeux des spectateurs (Douglas encore, cette fois sur fond de mer déchaînée). Il
est bien dommage que le film s’embarrasse de moments plus insipides ou gâchés,
comme si le réalisateur ne parvenait pas complètement à sortir des sentiers
battus du conventionnel, alors qu’il le fait remarquablement sur d’autres
aspects. Mais l’ensemble laisse une impression étrange : celle d’un film d’aventures
un peu décalé et bravache, qui secoue les conventions mais sans aller au bout
de son idée.
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