mercredi 27 mai 2020

Gloria Mundi (R. Guédiguian, 2019)




Autour d’une histoire où plusieurs générations d’une famille se battent comme elles peuvent pour s’en sortir, Robert Guediguian se place, comme souvent, du côté des petites gens qui rament et pour qui rien n’est simple.
Bien sûr la lecture se veut politique (comme souvent chez Guediguian) et le film illustre non pas tant la France de Macron que le discours même de Macron : Bruno incarne la version macroniste des « premiers de cordées », qui écrasent allègrement – autant qu’ils les détestent – les « gens qui ne sont rien ». Si le personnage est bien mince et très caricatural, l’idée du Cashstore, quoi que bien vue, est un peu lourde : avec cette façon d’arnaquer les petites gens qu’il dédaigne, Bruno illustre le capitalisme à la sauce Guediguian, qui veut que ceux qui s’élèvent le font (forcément) en écrasant sans vergogne les plus faibles. Nulle solidarité, d’ailleurs dans cette branche pourrie de la famille. Et c’est l’ancienne génération, celle des parents – celle de Guédiguian –, dévouée et prête à tout, qui incarne les valeurs de solidarité. Une solidarité mais qui est confrontée à la dure réalité quotidienne : Sylvie ne peut pas suivre la lutte syndicale au travail, elle a trop besoin d’argent (c’est sans doute là un grand symbole pour le réalisateur : la vie est au bord de la rupture).
Les personnages donc, sont un peu décevants (comme si souvent dans les films qui veulent faire de la politique sans le dire) : les gentils sont gentils et les méchants restent méchants, de sorte que les personnages sont donnés dès le départ et ne sortent jamais de leurs stéréotypes.
Il n’y a que le personnage de Daniel (très bon Gérard Meylan), avec sa touche de poésie distante et détachée du monde qui est tout à fait réussi. Sortant d’une longue peine de prison, il passe dans le regard de Daniel – regard vieilli mais qui est resté naïf – une douceur calme qui est comme extérieure à ce monde qui se débat sous ses yeux. Daniel apporte ainsi un pas de côté, un peu en dehors des trajectoires simples des autres personnages, qui fait du bien au film.


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