vendredi 12 juin 2020

BlacKkKlansman : J'ai infiltré le Ku Klux Klan (BlacKkKlansman de S. Lee, 2018)




Comme souvent chez Spike Lee, BlacKkKlansman s’ancre dans l’actualité. Il s’appuie ici sur la personnalité et les discours de Trump et recherche d’où vient le mal. 1978 : le KKK, nous dit Spike Lee, vise la maison blanche. Quarante ans plus tard, avec les slogans de Trump et les manifestations de Charlottesville de 2017 en toile de fond, le film montre que le KKK est arrivé à ses fins. Dans cette perspective, Ron, le policier noir qui a su infiltrer le KKK et déjouer un attentat, a échoué.
Et, pour Spike Lee, la question souterraine et structurante demeure : peut-on être pleinement noir et pleinement américain (cette question était déjà formulée dans Malcolm X) ?

Spike Lee introduit dans son récit les grands films qui ont mis en place une imagerie du Sud esclavagiste, démarrant avec Autant en emporte le vent et, surtout, construisant toute une séquence autour de Naissance d’une nation, dont la projection devant les militants enthousiastes du KKK est montée en parallèle avec le récit du lynchage de Jesse Washington par un vieillard incarné par Harry Bellafonte. Le choix de Bellafonte n’est pas anodin, puisqu’il est un des premiers acteurs noirs très célèbres et qu’il s’est peu à peu détourné de son métier pour s’engager dans le combat pour les droits civiques. Un peu comme il l’avait fait avec Mandela qui apparaissait dans Malcom X, Spike Lee convoque donc à ses côtés une figure tutélaire majeure.
Spike Lee joue aussi de l’imagerie purement cinématographique en évoquant très nettement la blaxploitation (au travers de l’image finale de Ron et Patrice).


On notera malgré tout que l’approche de Spike Lee se tient puisqu’il met le film en résonance avec Trump, mais il en ressortirait une toute autre lecture s’il avait été mis en résonance avec l’arrivée d’Obama au pouvoir.


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