Comme souvent
chez Spike Lee, BlacKkKlansman
s’ancre dans l’actualité. Il s’appuie ici sur la personnalité et les discours
de Trump et recherche d’où vient le mal. 1978 : le KKK, nous dit Spike
Lee, vise la maison blanche. Quarante ans plus tard, avec les slogans de Trump
et les manifestations de Charlottesville de 2017 en toile de fond, le film
montre que le KKK est arrivé à ses fins. Dans cette perspective, Ron, le
policier noir qui a su infiltrer le KKK et déjouer un attentat, a échoué.
Et, pour Spike
Lee, la question souterraine et structurante demeure : peut-on être
pleinement noir et pleinement américain (cette question était déjà
formulée dans Malcolm X) ?
Spike Lee introduit dans son récit les grands films qui ont mis en place une imagerie du Sud
esclavagiste, démarrant avec Autant en emporte le vent et, surtout, construisant toute une séquence autour de Naissance d’une nation, dont la
projection devant les militants enthousiastes du KKK est montée en parallèle
avec le récit du lynchage de Jesse Washington par un vieillard incarné par
Harry Bellafonte. Le choix de Bellafonte n’est pas anodin, puisqu’il est un des
premiers acteurs noirs très célèbres et qu’il s’est peu à peu détourné de son
métier pour s’engager dans le combat pour les droits civiques. Un peu comme il
l’avait fait avec Mandela qui apparaissait dans Malcom X, Spike Lee convoque donc à ses côtés une figure tutélaire
majeure.
Spike Lee joue
aussi de l’imagerie purement cinématographique en évoquant très nettement la blaxploitation
(au travers de l’image finale de Ron et Patrice).
On notera malgré
tout que l’approche de Spike Lee se tient puisqu’il met le film en résonance avec Trump, mais il en ressortirait une toute autre lecture s’il avait été mis
en résonance avec l’arrivée d’Obama au pouvoir.
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