mercredi 24 juin 2020

Les Hommes du président (All the President's Men de A. J. Pakula, 1976)



Important film de Alan J. Pakula, tout à fait typique des années 70 et tout à fait représentatif de ce cinéma du complot et de la paranoïa, au milieu des films de Sidney Pollack ou John Frankenheimer et après À cause d’un assassinat, son film précédent, fleuron du genre.
Ici Pakula s’appuie sur l’histoire vraie des journalistes à l’origine du Watergate, scandale qui est lui-même le climax du rapport paranoïaque entre l’Amérique et de ses hommes politiques (après l’assassinat de JFK, le scandale des Pentagon Papers et au milieu de l’enlisement du Vietnam). Il reconstitue pas à pas l’enquête, depuis les vérifications de routine jusqu’aux premiers doutes importants, en passant par les rencontres avec le fameux indic « Gorge profonde » et les feux verts à répétition du rédacteur en chef Ben Bradlee.
Au milieu de l’Amérique de Nixon, ce film aux allures de réquisitoire reprend les grandes lignes de l’enquête de Woodward et Bernstein du Washington Post qui conduiront à la démission de Nixon. Mais, plus que Robert Redford et Dustin Hoffman, c’est Jason Robards, dans le rôle du fameux rédacteur en chef Ben Bradlee, qui est remarquable.

Le cœur battant du film est placé dans la salle de rédaction introduisant ainsi un motif typique que l’on retrouvera souvent, et qui définit la ligne de partage (un peu simpliste) du film : du bon côté le travail journalistique, porté par la noblesse de mettre à jour les mensonges et les combines ; de l’autre le pouvoir, tout à ses basses œuvres qu’il faut cacher à tout prix. On retrouvera ce motif de la salle de rédaction aussi bien dans le Zodiac de D. Fincher que chez Spielberg avec Pentagon Papers.


Et le Nixon d’Oliver Stone montrera plusieurs fois le contre-champ du film de Pakula, avec Nixon lui-même pestant sur l’avancée des journalistes qui ne lâchent pas l’affaire et font peu à peu se resserrer les accusations autour de lui.

Le film se ferme avec une belle image puisque l’on voit, à la télévision, la mise en scène officielle très académique de la prestation de serment de Nixon, tandis que les deux journalistes s’affairent sur leurs machines à écrire, construisant peu à peu le faisceau d’indices qui fera tomber le bel édifice officiel : le travail méticuleux et acharné du Juste triomphera bientôt des faux sourires et des faux serments.


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