Le Diable probablement s’ouvre par un
flash-forward (ou, si l’on préfère, l’essentiel du film n’est qu’un grand
flash-back), mais, passée cette originalité dans sa construction, la conduite
du film et sa mise en scène conservent le style austère et sobre si typique de
Bresson.
Le jeu d’acteur, d’ailleurs, qui se veut justement dénué d'un « jeu » particulier, restant neutre et sans particularité, en devient immédiatement reconnaissable
(ce qui est bien un paradoxe). La façon de parler monocorde et détachée, la
manière de marcher les bras ballants sont tout à fait typiques. Cette façon de
parler ou de marcher se retrouve d’ailleurs chez des réalisateurs qui font
souvent appel à des comédiens non professionnels (on pense par exemple à Emmanuel
Schotté dans L’humanité de Bruno
Dumont) et qui, du coup, évoquent Bresson.
Pour le reste le
film est sombre et trace le chemin vers la mort de Charles, une mort choisie, pour ne pas avoir à faire face au monde et un chemin que
Bresson scrute, comme à son habitude, en se focalisant sur les détails, les
moments clefs intimes, les petits basculements,
Bresson y joue aussi
de signes et d’une ironie noire : finalement c’est chez le psychanalyste que Charles, venu le consulter, trouve la clef de son destin : il s'agira de se
faire assister pour se suicider, comme dans la Rome antique où les esclaves
aidaient leurs maîtres à se suicider.
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